On arrive à l'intersection. À droite, un piéton ou un cycliste pourrait surgir à tout moment derrière la haie de cèdres et s'engager dans le passage piétonnier.

On arrive à l'intersection. À droite, un piéton ou un cycliste pourrait surgir à tout moment derrière la haie de cèdres et s'engager dans le passage piétonnier.

Telle est l'une des vignettes du cours «Conscience du risque et exercice de perception» (Risk Awareness and Perception Training), mis au point par une équipe de neuropsychologues américains à l'intention des jeunes automobilistes. Le cours est disponible sur l'internet, et ses auteurs assurent qu'il améliore la conduite de manière sensible.

«Après quelques essais, les jeunes détectent les zones où peuvent survenir des événements inattendus aussi bien que les conducteurs plus âgés», explique Alexander Pollatsek, de l'Université du Massachusetts, qui décrit les mérites de son programme dans la dernière livraison de la revue Current Directions in Psychological Science. «Par exemple, quand un camion stationné nous cache une intersection, il faut toujours s'attendre à ce qu'un piéton, un cycliste ou une autre voiture surgisse de cet endroit. Il faut regarder fréquemment cette zone pour être prêt à arrêter rapidement.»

De la résistance

Les travaux de M. Pollatsek, qui travaille avec des collègues de l'Université de l'Iowa, font face à beaucoup de résistance. «Une idée très répandue est que les cours de conduite ne diminuent pas le risque d'accidents des jeunes automobilistes, dit-il. Or, les études sur le sujet sont faussées par le fait que prendre des cours permet d'avoir son permis plus tôt. On ne compare donc pas des jeunes du même âge. Il y a aussi des problèmes avec les cours de "conduite avancée", où l'on apprend à maîtriser son véhicule quand il dérape. Ce genre de cours augmente souvent la confiance en ses propres capacités, et peut pousser à prendre plus de risques. Je pense qu'avec la multiplication des études sur les programmes éducatifs comme le nôtre, les bénéfices des cours deviendront évidents.»

Immaturité

Pour autant, le neuropsychologue du Massachusetts ne croit pas que l'âge de la conduite automobile devrait être rehaussé. «Beaucoup de neurologues ont affirmé, ces dernières années, que le cerveau des jeunes adultes continue sa maturation, et donc que le taux plus élevé d'accidents s'explique par une certaine immaturité. Je suis sceptique : il est vrai que le cerveau continuer à évoluer dans la vingtaine, mais il n'est pas clair que cela mène à des différences mesurables dans le comportement.»

M. Pollatsek était au départ un spécialiste de la lecture. Il a notamment fait des études importantes sur le lieu où le regard se pose quand on lit. «La capacité de lecture moyenne d'un adulte est de 330 mots à la minute, explique-t-il. Si on limite son regard à un seul mot, la capacité baisse à 200 mots minute. Si on inclut deux mots, elle remonte à 300 mots. Cela indique que notre capacité de gérer rapidement de l'information reste très bonne même si on restreint le regard à un endroit précis. Quand j'applique cette conclusion à la conduite automobile, je conclus que l'endroit où l'automobiliste fixe son regard a une importance cruciale. La différence entre les bons et les mauvais conducteurs est peut-être simplement une question de choix des endroits où ils portent fréquemment leur regard.»

Pour télécharger le programme:

www.ecs.umass.edu/hpl/RAPT.htm

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