La technologie offre beaucoup aux employeurs qui veulent avoir leurs troupes à l'oeil. La confidentialité sur l'ordinateur du bureau? Oubliez ça.

La technologie offre beaucoup aux employeurs qui veulent avoir leurs troupes à l'oeil. La confidentialité sur l'ordinateur du bureau? Oubliez ça.

Les avocats n'ont qu'un seul conseil à donner aux employés: n'écrivez jamais de courriels, et ne visitez jamais de sites dont vous ne voudriez pas avoir à répondre si jamais le patron l'apprenait. Avec tous les logiciels de surveillance électronique disponibles, mieux vaut tenir pour acquis que le patron saura tout, tôt ou tard.

Il y a d'abord les logiciels qui surveillent la fréquentation des sites Web. Ces systèmes peuvent faire bien plus que d'interdire l'accès aux sites pornos : ils peuvent tenir un registre de tous les sites visités par un employé de son poste de travail. Un p'tit coup d'œil sur Hotmail pour vérifier l'arrivée du nouveau courrier ? Le patron saura non seulement que son employé consulte ses courriels personnels au travail, mais également pendant combien de temps la page de Hotmail (ou Yahoo, ou Gmail...) est restée affichée sur l'écran de l'ordinateur... même si elle est inactive et cachée derrière le rapport trimestriel.

Un éditeur français de logiciels de filtrage, Olfeo, permet même au patron d'envoyer par courriel à chacun de ses employés un rapport complet de la liste de tous les sites qu'il a consultés chaque mois et le temps qu'il y a consacré. Il y rappelle en passant la politique de la maison quant à l'utilisation de la Toile à des fins personnelles...

D'autres logiciels, comme SurfControl et MessageGate sont conçus pour repérer certains mots-clés dans les courriels et les documents de travail qui passent par le serveur du bureau, rapporte un article paru dans le magazine Time en septembre. Tout document qui indique le nom du président, un produit de la compagnie, un blasphème, le nom d'une équipe sportive, le surnom de l'adjoint du patron, ou celui de la femme du directeur sera intercepté et lu par le patron lui-même.

Et ce, que l'employé se trouve au bureau ou se branche à la maison grâce à la connexion de l'entreprise.

L'autre jour, au bureau...

Les blogues ajoutent du souci aux entreprises. Selon l'enquête 2006 de la firme américaine Websense, 5 % des employés tiennent un blogue, et parmi eux, près de la moitié y rapportent des anecdotes du bureau.

Ces dernières années, plusieurs blogueurs ont perdu leur emploi aux États-Unis après avoir alimenté leur passe-temps de leur poste de travail, ou après avoir diffusé des potins de bureau sur le Net. L'une d'elles, Ellen Simonetti, agent de bord chez Delta Airlines, a été renvoyée en 2004 quand elle a publié sur son blogue des photos d'elle en uniforme, photos qualifiées « d'inconvenantes » par son ancien employeur (elle pose dans l'avion, son chemisier s'ouvrant sur un décolleté plongeant...).

L'avocat torontois, David Elenbaas, souligne qu'un employé blogueur a de quoi susciter la suspicion chez son employeur, surtout s'il alimente son blogue au bureau. « La difficulté pour les employeurs est qu'un blogue est relativement facile à mettre sur pied », écrit-il dans une étude sur le sujet. En utilisant un logiciel populaire, l'avocat a réussi à poster sur son blogue trois interventions en 10 minutes, dont la publication de photos.

Tout ça peut donc se faire sans attirer l'attention de collègues de travail ou de superviseurs. « Ce qui contraste avec les téléphones personnels qui peuvent être entendus ou observés », dit l'avocat.

Si les photos de Mme Simonetti étaient embarrassantes pour son employeur, d'autres blogueurs n'ont manifestement jamais pensé aux conséquences de leurs actes cybernétiques.

Comme cet employé de Microsoft, qui a eu la « bonne idée » de publier sur son blogue des photos d'ordinateurs Apple livrés à son entreprise. Ou cette graphiste qui a livré des comptes rendus satiriques de son expérience au sein d'une jeune compagnie informatique. Sans oublier « Polar Penny », cette employée du marketing à l'Office de tourisme du Nunavut, qui n'a pas pensé une seconde que les photos d'elle posant à Iqaluit devant des montagnes de déchets pouvaient nuire à l'image de son employeur...

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