Depuis le succès fulgurant des Têtes à claques, l'accès au site a été bloqué dans de nombreux lieux de travail. Mais il est parfois difficile pour des institutions de bloquer des sites, même parmi les plus crapuleux.

Depuis le succès fulgurant des Têtes à claques, l'accès au site a été bloqué dans de nombreux lieux de travail. Mais il est parfois difficile pour des institutions de bloquer des sites, même parmi les plus crapuleux.

Dans les universités, par exemple, les gestionnaires optent pour la liberté. « Les sites illicites et haineux sont réprimandés, mais nous ne fonctionnons pas avec une liste noire, dit Jacques Pelletier, directeur des ressources humaines de l'Université de Montréal. À la limite, la visite d'un site à caractère illicite peut être justifiée pour un professeur dans le cadre de son travail. Nous n'avons pas de liste noire, mais nous faisons attention aux fréquentations de nos employés sur l'internet. »

« Nous faisons davantage appel au sens des responsabilités de nos employés. La conciliation famille-travail exige parfois de s'occuper de la famille pendant les heures de travail. Par exemple, le formulaire de demande du congé parental au Québec est seulement disponible sur l'internet. Les gens qui n'ont pas d'ordinateur à la maison doivent le remplir au travail. »

Contrôler l'accès

Ailleurs, les règles varient. Bell, par exemple, est plutôt mal placée pour interdire les Têtes à claques à ses employés... « Nous savons à quel point les Têtes à claques sont populaires, dit le porte-parole Pierre Leclerc. Nous en sommes même le fournisseur officiel : nous offrons leurs sketchs à nos abonnés une semaine avant leur sortie. Mais les sketchs durent environ trois minutes. Les gens ne passent pas toute la journée à les regarder. »

Desjardins dit être en « réflexion » pour bloquer certains sites à l'ensemble de ses employés. « Les précautions prises sur le réseau informatique de la Fédération sont plus importantes que celles prises sur le réseau des Caisses, dit le porte-parole André Chapleau. C'est que le réseau de la Fédération est lié directement avec celui du réseau bancaire. Les sites de courriels comme Hotmail et Yahoo sont accessibles sur le réseau des Caisses, mais pas sur le réseau de la Fédération. Ils peuvent ouvrir la porte à certains problèmes. Nous avons choisi de nous protéger plus que pas assez. »

L'accès aux sites de courriels Yahoo et Hotmail n'est pas interdit au Conseil du Trésor du Québec, dit sa porte-parole Brigitte Asselin. Tout comme celui des Têtes à claques. « Mais il peut être très lent, dit Mme Asselin. Le système informatique peut privilégier un accès rapide à certains sites et un accès moins rapide à d'autres. »

Selon la porte-parole, les sites les plus fréquentés par les employés du Conseil du Trésor sont Cyberpresse, Canoë, Google et Microsoft-MSN. En revanche, des millions de sites (pornographiques, fraudes, jeux de hasard, jeux en ligne, clavardages...) sont interdits d'accès.

Pourriels et perte de temps

Chez Bombardier Aéronautique, les sites de courriels et celui des Têtes à claques sont interdits. « Pour nous, ces sites ne représentent aucun intérêt professionnel, dit le porte-parole Marc Duchesne. Ils peuvent contribuer à surcharger la bande passante, ce qui ralentirait le travail des autres employés. »

Alcan a déjà voulu bloquer des sites, mais est revenue sur sa décision. L'accès aux sites Hotmail et Yahoo, par exemple, n'est plus interdit. « Ils ont déjà été bloqués en usines, mais plus maintenant, dit Guy Delisle, directeur de la gestion de la performance des cadres supérieurs. Les gens trouvaient que c'était discriminatoire. »

« Mais nos employés perdent beaucoup plus de temps à gérer leurs courriels non sollicités qu'à fréquenter des sites comme celui des Têtes à claques, dit M. Delisle. Les courriels non sollicités sont un sérieux problème pour les entreprises, que ce soit en raison de la perte de temps de travail ou de l'espace sur la bande passante de l'entreprise. »

Avec la collaboration de Judith Lachapelle

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