Sur le site du New York Times, les publicités qui apparaissent ne doivent rien au hasard : elle sont destinées au lecteur en fonction des sites internet visités les jours précédents, s'adaptant ainsi aux goûts de chacun.

Sur le site du New York Times, les publicités qui apparaissent ne doivent rien au hasard : elle sont destinées au lecteur en fonction des sites internet visités les jours précédents, s'adaptant ainsi aux goûts de chacun.

Ces réclames sur mesure relèvent du «ciblage comportemental», une des nombreuses innovations de la publicité par l'internet pour coller aux goûts des consommateurs.

Peu chère, multimédia, la publicité en ligne devrait doubler d'ici 2010 pour atteindre 60 milliards de dollars dans le monde, selon la banque Jefferies.

Grâce à des cookies (mini-programmes espions) envoyés sur les ordinateurs, Tacoda, leader du ciblage comportemental aux Etats-Unis, identifie les visiteurs qui, dans les 15 jours précédents, ont visité par exemple un site de vente de voitures et un site typique des hauts revenus, comme une revue financière. Résultat : ils trouveront sur les pages sportives du New York Times une bannière pour une voiture de luxe, explique à l'AFP le PDG de Tacoda, Dave Morgan.

Cette technique reste encore marginale par rapport au ciblage le plus répandu : les publicités contextuelles --liées aux textes des pages vues-- qui font la fortune de Google, champion mondial du secteur.

Avec 10 milliards de chiffre d'affaires annuel, Google encaisse 30% des recettes publicitaires internet mondiales pour 20% à son rival Yahoo!.

Google utilise un système automatisé sophistiqué pour placer les bannières, Google AdWords, où les annonceurs peuvent acheter n'importe quel mot-clé aux enchères en permanence.

Leurs annonces apparaîtront sur les recherches des internautes qui tapent ce mot, sur des sites partenaires ou même à côté des e-mails des utilisateurs de Google Mail contenant ce mot.

Microsoft et Yahoo! vont plus loin, en repérant non seulement les sites précédemment visités par l'internaute mais en croisant les données démographiques qu'il a fournies en s'inscrivant sur leur portail ou logiciel de courrier : lieu, âge, sexe, etc.

Certains sites compilent des centaines de données supplémentaires, comme le détail des achats en ligne, de l'ordinateur utilisé, du temps passé par page, parfois jusqu'aux noms, adresses, numéros de téléphone, a dénoncé l'association Center for Digital Democracy.

La publicité numérique individualisée n'en est pourtant qu'à ses débuts et s'attaque maintenant aux téléphones portables et consoles de jeu connectées à l'internet.

Les commerces de quartiers peuvent ainsi envoyer des promotions aux personnes passant dans les environs, repérées par les balises GPS qu'auront bientôt la plupart des téléphones portables aux Etats-Unis.

La publicité s'adapte aussi aux nouveaux sites interactifs, blogs ou sites de socialisation. Des marques postent ainsi sur le site de vidéos YouTube de petits clips que les internautes envoient à leurs amis, devenant eux-même agents publicitaires pour la marque. Et des sites de rencontres comme MySpace, où les internautes détaillent leurs goûts et préférences, sont pain béni pour des annonces très ciblées.

Même les spots télévisés seront bientôt personnalisés en fonction des caractéristiques individuelles.

«Grâce aux décodeurs, si l'utilisateur accepte de partager des données, on peut connaître les chaînes que vous regardez. Si vous regardez souvent des programmes sur les chiens, on peut présumer que vous en avez un» et vous vanter une marque de pâtée, explique Tim Armstrong, patron des ventes publicitaires de Google pour l'Amérique du Nord, qui commence à tester aux Etats-Unis des spots TV ciblés.

Les stations de radio par satellite ou internet peuvent elles aussi savoir où vous êtes pour vous diffuser des publicités locales.

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