Les ventes de CD aux États-Unis, rapportait AFP à l'orée du week-end, ont chuté de 20% au premier trimestre de 2007 comparativement à la même période l'an dernier.

Les ventes de CD aux États-Unis, rapportait AFP à l'orée du week-end, ont chuté de 20% au premier trimestre de 2007 comparativement à la même période l'an dernier.

On attribue cette baisse à la croissance paradoxale de la musique en ligne, voire à son incapacité à remplacer à valeur égale les revenus tirés des ventes de CD par ceux de la musique en ligne. Et puisque le marché américain est encore le plus considérable de tous...

Au total, donc, 89 millions de CD ont été vendus aux USA entre le 1er janvier et le 18 mars, pour 112 millions pendant la même période l'année dernière, selon la firme Nielsen SoundScan, spécialisée (entre autres) dans la recension des ventes de musique au détail. Les achats autorisés de musique sur Internet n'ont pas permis de combler la différence car les ventes d'albums ont également baissé à 99 millions au cours des trois premiers mois de l'année pour 119 millions il y a un an, toujours selon les données de SoundScan.

Les ventes en ligne de chansons seules, cependant, ont bondi de 242 millions d'unités au début 2006 à 288 millions entre le 1er janvier et le 18 mars 2007. Or, le plafonnement (provisoire ?) des albums vendus sur les plateformes légales de téléchargement ne peut être compensé par cette croissance des "singles virtuels". Et puisque les ventes physiques de CD représentent encore 90% des ventes d'albums tous supports confondus, l'industrie de la musique n'a toujours pas vu la lumière au bout du tunnel.

Ce que la chronique Cyberculture annonce depuis sa création en janvier 2004, c'est-à-dire la baisse irrémédiable et continue des ventes de contenus physiques, se concrétise davantage au premiers tiers de cette année. Et pas n'importe où : aux USA, là où le cadre juridique est le plus contraignant pour les internautes tentés de s'alimenter en ligne autrement que sur les plateformes de téléchargement.

Ajoutons au phénomène la chute encore récente de Tower Records, l'un des principaux détaillants aux États-Unis, celui-là même qui avait lancé le concept de grande surface de disques dans les années 60. La plupart de ses succursales aux États-Unis ont fermé en décembre dernier, seules les succursales de prestige international ont été épargnées.

Quant à l'incapacité de l'industrie à générer suffisamment de nouveaux phénomènes de masse, on ne peut pas vraiment parler d'un effet du hasard. De quoi d'autre nous a-t-on causé à grande échelle ces dernières semaines à part les tournées «pop adulte» de Genesis et The Police ?

On comprend ce nouveau cycle de restructuration des multinationales de la musique. Les rumeurs de fusion entre Warner Music et EMI persistent. Et on pourrait bientôt se retrouver avec trois énormes entreprises qui ne cesseraient de réduire leurs effectifs et leurs efforts de production.

Au Québec, cette tendance est moins prononcée. On est loin d'annoncer une baisse 20% au premier trimestre mais tout indique que les ventes sont moindres que l'an dernier durant la même période.

«Sauf Zachary Richard (15 000 exemplaires vendus depuis la fin de février), plusieurs grosses sorties ont été retardées. L'an dernier, à pareille date, on avait déjà Pierre Lapointe et la compilation Salut Joe (Dassin). Or, Daniel Bélanger, Marie-Élaine Thibert et Dany Bédar lanceront leur nouvel album le 3 avril, ceux d'Isabelle Boulay et de Marc-André Fortin sont prévus pour le 17 avril, le nouvel album de Céline Dion est attendu en mai. D'autant plus que les albums de Daniel Lavoie, Marie-Annick Lépine et Daniel Boucher vont bien depuis leur sortie récente. Il faudra donc attendre quelques mois avant de sauter aux conclusions», plaide Serge Sasseville, président du secteur musique du Groupe Archambault.

Comme il le suggère, attendons les résultats des lancements printaniers avant de sonner l'alarme du disque québécois. Effectivement, notre marché plonge plus lentement dans le phénomène de la musique en ligne, probablement parce que le public québécois soutient mieux la culture locale et ses «vieux» CD. Effectivement, la baisse des ventes québécoises (à peu près 5% en 2006 par rapport à l'année précédente, rappelle Serge Sasseville) n'illustre pas une tendance aussi prononcée qu'ailleurs c'est-à-dire dans la plupart des marchés.

Notre musique locale, d'autre part, pourra compter sur des redevances un peu plus intéressantes qu'ailleurs puisque la Commission du droit d'auteur vient de déterminer la valeur des droits de reproduction de la musique en ligne (7,9% jusqu'à la fin 2007, 8,8% à compter de 2008), à laquelle s'ajoutera bientôt le droit d'exécution publique (les observateurs s'attendent à environ 4%). Mais cela ne suffira pas à endiguer les pertes de revenus tirés des ventes physiques. Il faudra assurément trouver d'autres solutions.

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Les ventes de CD s'effondrent

AU PALMARÈS DE LA MUSIQUE EN LIGNE

Top 5 ventes - singles

1- Beautiful Liar - Beyoncé & Shakira

2- Girlfriend - Avril Lavigne

3- With Love - Hilary Duff

4- Grace Kelly - Mika

5- Candyman - Christina Aguilera

Source : iTunes Store Canada, 23/03/07

Top 5 ventes - albums

1- We Were Dead Before the Ship Even Sank - Modest Mouse

2- Neon Bible - Arcade Fire

3- Live at Massey Hall 1971 - Neil Young

4- Life in Cartoon Motion - Mika

5- Strange Birds - David Usher

Source : iTunes Store Canada, 23/03/07

Top 5 fichiers musicaux partagés

1- This is Why I'm Hot - Mims

2- Don't Matter - Akon

3- Irreplaceable - Beyoncé

4- Ice Box - Omarion

5- Make it Rain - Fat Joe

Source : Big Champagne, du 14 au 21 mars 2007