Un tribunal de Tokyo a condamné vendredi à deux ans et six mois de prison ferme Takafumi Horie, ex-PDG du portail Internet Livedoor et jeune gourou de l'Internet, pour un scandale de falsifications comptables et de manipulation de cours qui a ébranlé le Japon.

Un tribunal de Tokyo a condamné vendredi à deux ans et six mois de prison ferme Takafumi Horie, ex-PDG du portail Internet Livedoor et jeune gourou de l'Internet, pour un scandale de falsifications comptables et de manipulation de cours qui a ébranlé le Japon.

Takafumi Horie, 34 ans, était jugé pour avoir truqué les comptes de Livedoor afin de transformer une perte en bénéfice au deuxième trimestre 2004, et pour avoir dupé les investisseurs en diffusant de fausses informations visant à manipuler le cours d'une action.

M. Horie avait plaidé non coupable, s'estimant victime d'une chasse aux sorcières orchestrée par l'establishment nippon qui ne cachait pas son aversion pour ce patron ultra-médiatique et non conformiste.

Au terme d'un procès-fleuve de six mois, le procureur avait requis quatre ans de prison ferme, accusant M. Horie d'être «le cerveau du crime».

L'ancien PDG est arrivé vendredi au tribunal vêtu d'un costume sombre et d'une chemise blanche à col ouvert (il a tout de même mis une cravate juste avant d'entrer dans la salle d'audience), au milieu d'une véritable hystérie médiatique.

Il a écouté le verdict debout et sans réagir. Il s'est ensuite incliné devant les magistrats et s'est rassis en affichant un sourire narquois.

Le palais de justice était investi par des centaines de journalistes, les télévisions nippones diffusant en direct la progression dans les rues de Tokyo de la limousine de M. Horie grâce à des caméras embarquées à bord d'hélicoptères.

Toutes les chaînes de télévision ont interrompu leurs programmes pour présenter des flashes spéciaux, au cours desquels même le patron du restaurant coréen favori de M. Horie a été longuement interviewé en direct.

Le jeune homme avait été arrêté en janvier 2006 et avait passé trois mois en prison, avant d'être libéré sous caution.

Sa chute brutale avait stupéfié le Japon.

L'affaire avait également provoqué un phénoménal vent de panique à la Bourse de Tokyo, où des milliers de petits porteurs affolés avaient soudainement bradé tout leur portefeuille, manquant de peu de faire exploser le système informatique du marché.

Adepte des tenues décontractées et des déclarations à l'emporte-pièce, Takafumi Horie a longtemps été la coqueluche des médias et d'une partie de la jeunesse, qui voyaient en lui le symbole de la «nouvelle économie» triomphante et un antidote aux moeurs compassées des milieux d'affaires nippons.

«Tous les maux viennent des patrons âgés», déclara un jour M. Horie, qui était devenu la bête noire du patronat nippon traditionnel.

Personnalité médiatique, il avait même été courtisé politiquement par l'ex-Premier ministre libéral-populiste Junichiro Koizumi, qui avait personnellement parrainé sa candidature (finalement ratée) à un siège de député.

Quatre autres anciens dirigeants de Livedoor, qui ont à l'inverse choisi de plaider coupable, ont été jugés séparément et devraient bientôt être fixés sur leur sort.