Déjouer les pièges d'Internet, maîtriser l'art du SMS, garder prise avec la réalité... les amours des temps modernes nécessitent un savoir-faire nouveau, explique toute une littérature américaine sortie juste à temps pour la Saint-Valentin.

Déjouer les pièges d'Internet, maîtriser l'art du SMS, garder prise avec la réalité... les amours des temps modernes nécessitent un savoir-faire nouveau, explique toute une littérature américaine sortie juste à temps pour la Saint-Valentin.

Après l'euphorie des premières années, entre rencontres en-ligne et boom des outils de communication, l'heure semble à la prudence face aux miracles du «tout technologie».

«Les rencontres n'ont jamais été simples, mais à l'ère des IMS (messages instantanés), courriels, SMS et BlackBerry, elles peuvent devenir un terrain miné», relève la journaliste new-yorkaise Kristina Grish, auteur de The Joy of Text (Le plaisir du texte), qui veut aider les femmes à mieux gérer leurs «histoires électroniques».

Le livre décrit l'attente, le déphasage avec la réalité, les malentendus: «Les "techno-relations" ont fait de femmes habituellement calmes des femmes incroyablement dépendantes».

Mais comme la Toile propose aussi une offre unique de rencontres, il se veut un petit précis pour en apprivoiser le langage.

Règles d'or pour trouver l'âme soeur: rédiger un auto-portrait honnête, sans omettre âge, poids, situation de famille, éviter de lister ses qualités, ajouter une photo de moins de six mois, soigner l'écriture.

«Qu'on parle de mini-jupe ou de virgule, le style dit des choses sur vous», dit l'auteur, qui rappelle par exemple qu'écrire en lettres capitales est comme crier.

Ne pas abuser non plus des points d'exclamation: «Sinon la plupart des garçons ne se sentiront pas l'énergie de suivre votre enthousiasme.»

Apprendre à débusquer un éventuel Cyrano, en repérant ponctuation ou vocabulaire inconsistants. S'accorder trois jours maximum pour répondre aux courriels, pas plus de trois minutes pour un Texto.

Et mesurer son geste quand on envoie ses messages, dans un monde où ils peuvent vite finir sur un de ces blogues ultra-personnels en plein essor.

Virginia Vitzthum, journaliste new-yorkaise, qui fut comme Carrie de la série de télévision culte «Sex and the City» chargée d'un éditorial «sexe» (pour le journal Salon.com), avoue son scepticisme.

Dans Je t'aime, rencontrons-nous, elle interviewe 16 vétérans du dating en-ligne, certains mettant des mois avant de voir leur «amoureux», d'autres se fixant rendez-vous de suite, d'autres supportant mal l'idée de rencontre.

«Pour la première fois, j'ai osé demander ce que je souhaitais», se félicitent-ils souvent. Certains finissent par se trouver. Leur recette: «chance, tenacité, instinct». Mais l'auteur elle-même revendique en six ans d'internet 65 «dates» (rendez-vous pouvant se limiter à un café), sans qu'aucune n'ait abouti à une relation de plus de 15 jours, contrairement à ses rencontres de «la vraie vie».

«Mon bilan atroce n'est pas unique», assure-t-elle, décrivant un espace de créativité mais aussi de mensonge inévitable, où l'offre est grande mais la pression aussi, où ouverture et courtoisie déclinent («je deviens difficile, moins généreuse»), où les sites perdent en convivialité.

Ces sites ont connu leur pic en 2003, avant de voir leur croissance ralentir aux États-Unis, où vivent 90 millions de célibataires selon le recensement (dont une majorité de femmes sur la côte Est, d'hommes sur la côte Ouest).

«Je ne veux pas éliminer une technologie qui a amené l'amour à tant de gens, mais je vais faire un long break», dit Virginia Vitzthum, proposant au moins quelques recettes de succès: se présenter comme on est (mensonge et désir de se conformer font fuir), choisir un site qui laisse le choix, rester connecté au réel.

Un réel qui fait son retour, avec par exemple Susan Shapiro, journaliste mariée à 35 ans grâce à l'entremise de sa chef, et qui dans Secrets d'une fan de l'arrangement raconte pourquoi «être présenté par une connaissance est le plus sûr chemin de la romance».

Etape-clé: se choisir deux mentors dans son entourage. «C'est si rétro que c'en est révolutionnaire».