Les nouvelles technologies et l'évolution des moyens de communication transforment l'organisation des rédactions, composées de journalistes de plus en plus polyvalents, chargés de fournir des contenus pour le papier, le web, voire la radio et la télévision.

Les nouvelles technologies et l'évolution des moyens de communication transforment l'organisation des rédactions, composées de journalistes de plus en plus polyvalents, chargés de fournir des contenus pour le papier, le web, voire la radio et la télévision.

Mardi, la direction du Parisien/Aujourd'hui a annoncé son intention de réorganiser sa rédaction, qui mettrait en péril, selon les syndicats, la fonction de secrétaire de rédaction.

Les chefs de service seraient chargés d'effectuer à leur place les tâches de relecture, de correction et de mise en page des articles, grâce à un nouvel outil informatique.

Libération, en proie à de graves difficultés financières, devrait également dans les mois qui viennent mettre en place un nouveau système informatique, permettant de réduire une vingtaine de postes, notamment au secrétariat de rédaction.

Depuis quelques années, de nouveaux logiciels sont venus simplifier le processus de mise en page des journaux.

Le journaliste n'écrit plus son article sur une page blanche d'ordinateur, mais peut le saisir directement dans la maquette du journal, en formatant le titre, les illustrations, les encadrés...

Déjà, dans les années 70-80, l'émergence de l'informatique avait bouleversé la profession et conduit à la disparition de certains métiers, liés notamment à l'impression.

Mais cette nouvelle évolution «touche au coeur du métier de journaliste et de ce qui fait sa crédibilité», estime Alain Girard, secrétaire général du SNJ, premier syndicat de la profession.

«Le journalisme repose véritablement sur deux têtes: le rédacteur, qui cherche l'info et la traite, et le secrétaire de rédaction, qui a un regard extérieur, qui peut évaluer l'information, la hiérarchiser et la mettre en scène», ajoute-t-il.

Confrontée à une baisse de son lectorat, la presse écrite cherche en premier lieu à réduire les coûts de production.

Mais les nouveaux systèmes informatiques permettent aussi de diversifier les modes de diffusion. Le journaliste devient un fournisseur de contenus, destinés tant à être publiés dans le journal du lendemain qu'à être diffusés immédiatement sur internet ou envoyés sur des téléphones portables.

À l'étranger, le Financial Times, a annoncé cet été la fusion de ses rédactions papier et Internet.

Les journalistes devront à la fois écrire, relire et coordonner la production, à la fois pour le papier et le web, entraînant la suppression de 10% de l'effectif éditorial.

Le Daily Telegraph, premier quotidien de qualité britannique, a lui aussi récemment décidé de créer une rédaction multimédias: les journalistes devront rédiger des articles, mais aussi des enregistrements vidéo et audio, et ce 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Les journalistes «ne peuvent plus se contenter d'être des journalistes de magazines», juge Arnaud Lagardère dans un entretien au Point à paraître jeudi.

«Si je devais dessiner le groupe à dix ans, le grand changement serait probablement une organisation axée davantage sur les contenus éditoriaux que sur les grands supports: magazines, livres, radio», explique-t-il.

Les syndicats mettent en garde contre l'apparition de ces «journalistes à tout faire».

«Il faut que ça se fasse dans un cadre très précis de déontologie, de qualité de travail, de moyens». Face à Internet et à la gratuité de l'information, «nous devons avoir comme préoccupation essentielle la crédibilité et la qualité des contenus», prévient le SNJ.