L'Association marketing de Montréal bouillonne en ce moment au sujet du Web 2.0: paradigme ou poudre aux yeux? Pour certains as de la pub, il s'agit d'une nouvelle génération d'outils qui permet d'attirer l'internaute vers des sujets près des intérêts de leurs clients. Pour leurs opposants, c'est un mot creux qui leurre des acheteurs et des investisseurs qui ignorent tout des nouvelles technologies.

L'Association marketing de Montréal bouillonne en ce moment au sujet du Web 2.0: paradigme ou poudre aux yeux? Pour certains as de la pub, il s'agit d'une nouvelle génération d'outils qui permet d'attirer l'internaute vers des sujets près des intérêts de leurs clients. Pour leurs opposants, c'est un mot creux qui leurre des acheteurs et des investisseurs qui ignorent tout des nouvelles technologies.

Devant ce débat, on réalise que les seuls qui ont parfaitement raison sont, à juste titre, les internautes. Après tout, dans le «Far Web», comme l'appellent certains, le poids du nombre fait loi. Le filon se trouve là où les internautes vont en grand nombre.

Une grosse valise

Pour les entrepreneurs des TIC (technologies de l'information et des communications), le Web 2.0 n'est pas toujours l'eldorado promis. «Ces derniers temps, les agences de publicité ont brûlé deux expressions: marketing viral et Web 2.0», constate Philippe Le Roux, fondateur du consultant en stratégie Web VDL2, à Montréal.

L'organisme américain Pew Internet & American Life le confirmait d'ailleurs la semaine dernière. Les résultats, publiés la semaine dernière, révèlent que «le Web 2.0 est devenu une grosse valise dans laquelle on met un grand nombre d'applications et d'activités en ligne».

Les échecs du 2.0

Cela fait écho au sentiment que partagent plusieurs critiques du Web 2.0 depuis des mois. «Le terme générique de ce mouvement, surtout au sein des centaines de petites nouvelles entreprises qui emplissent les salles d'attente des investisseurs à risque, est Web 2.0. Mais ce terme porte à confusion» Voilà la mise en garde que faisait le magazine américain Newsweek, le printemps dernier. Et elle tient toujours.

Par exemple, en 2005, le New Oxford American Dictionary a nommé le terme «Podcast» (ou baladodiffusion) le mot de l'année. Entre 2004 et 2006, ce phénomène de diffusion en ligne de clips sonores ou audiovisuels préenregistrés, nés du Web 2.0, a littéralement explosé, tant aux États-Unis qu'au Canada et au Québec: Podcast Alley, qui recense les baladodiffusions depuis le début, a vu son catalogue passer de moins de 1000 sites à plus de 26000, sur cette seule période.

Sauf que l'auditoire n'a pas suivi. Selon l'institut Pew Internet, 12% de tous les internautes sondés ont déjà téléchargé un épisode de baladodiffusion, une progression par rapport aux 7% qui avaient répondu la même chose en février dernier. Toutefois, du lot, seulement 1% des personnes interrogées admettent télécharger des baladodiffusions de façon régulière.

Idem pour les blogues: «La plupart des blogueurs décrivent leur expérience personnelle à un auditoire plutôt petit et seule une petite partie couvre des sujets comme la politique, les médias et la technologie», résume Amanda Lenhard, l'une des chercheuses de l'organisme Pew Internet.

Les succès du 2.0

À l'inverse, Wikipedia représente l'un des plus gros succès du Web 2.0. L'encyclopédie participative, dont le contenu est entièrement créé par des internautes, a plus que quintuplé son auditoire depuis 2001, sans changer sa formule. Son principal rival, MSN Encarta, utilise une formule traditionnelle de rédaction à l'interne. Sa part de marché a diminué de moitié.

En allant un peu plus loin, on peut même comparer le site MySpace, le joyau de la couronne de la Toile 2.0, à un dinosaure de l'hébergement de sites personnels: Geocities. La popularité du premier a décuplé. Le second écume aujourd'hui les bas fonds, bien loin sous la nouvelle vague Internet.

Les internautes reprennentle contrôle

La comparaison démontre le point en commun d'Internet en 1996 et d'Internet en 2006. Elle permet de comprendre le concept de présence en ligne dans l'ère du Web 2.0: «C'est la résurrection du Web d'il y a 10 ans, croit Philippe Le Roux. Ce sont les internautes qui s'approprient le contenu, et non l'inverse.»

Plus que tout autre facteur, c'est la possibilité pour l'internaute de participer à un projet commun, d'ajouter sa voix à celle de ses congénères, qui définit les nouveaux médias. Le seul fait de coller l'étiquette bidon de Web 2.0 à une technologie ne garantit en rien son succès.

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