Faut-il vraiment de gros sous pour produire et promouvoir un album ? Soucieux de diffuser leurs créations à peu de frais, de plus en plus de musiciens prennent les moyens du bord et choisissent le Web comme planche de salut. Une stratégie saluée par Marc Beaudet, qui animera demain la table ronde Les artistes et la carrière, au Forum sur les artistes émergents.

Faut-il vraiment de gros sous pour produire et promouvoir un album ? Soucieux de diffuser leurs créations à peu de frais, de plus en plus de musiciens prennent les moyens du bord et choisissent le Web comme planche de salut. Une stratégie saluée par Marc Beaudet, qui animera demain la table ronde Les artistes et la carrière, au Forum sur les artistes émergents.

«Avec un minimum de petits gadgets informatiques, on peut aller loin. À force de gosser et bizouner sur des logiciels de traitement de son, au bout d'un temps, on fait des miracles», lance celui qui anime Les Produits du terroir, une émission laissant la part belle à la scène locale sur les ondes de CKRL.

Selon Marc Beaudet, la Toile s'avère un outil de taille, du moment qu'on sache bien l'utiliser. Un site Internet garni de photos et d'extraits musicaux constitue un bon point de départ, mais encore faut-il que les internautes connaissent son existence. Ici, une solidarité entre les artistes qui se font mutuellement un peu de promotion par l'entremise d'hyperliens ne nuira pas.

«Il faut s'établir des réseaux. C'est ce qui fait que c'est intéressant d'être poussé par une grosse compagnie. Ils ont de gros réseaux», résume Marc Beaudet, ajoutant qu'une telle entreprise ne se monte pas sans effort. «Ça prend plus d'huile de coude et il faut faire des sacrifices, nuance-t-il. C'est un peu navrant qu'on en arrive à ce qu'un individu se presse lui-même le citron.»

Mais le jeu en vaut souvent la chandelle, soutient l'animateur. Il cite en exemple la compagnie indépendante Indica, qui se taille désormais une place dans la cour des grands, ou la formation folk-rock Chiendent, qui a réussi à enregistrer un disque «qui sonne super bien» pour à peu près 750 $.

«Après ça, c'est dur de demander à un jeune groupe de cracher 15 000 $ pour un disque», affirme-t-il.

La loi du marché

Un créateur qui produit lui-même sa musique n'est pas à l'abri des contraintes de l'industrie, un apprentissage qui peut devenir frustrant.

«Si un artiste ne remplit pas ses salles, il aura plus de mal à convaincre un diffuseur, même si le spectacle a une grande valeur, analyse la chanteuse Paule-Andrée Cassidy. Le travail artistique a une valeur autre que celle qui est considérée. Mais on ne peut pas non plus ignorer la loi du marché.»

À ce chapitre, Marc Beaudet montre du doigt les stations de radio commerciales, souvent frileuses quand vient le temps d'offrir du temps d'antenne à de nouveaux talents. «Elles sont tributaires de leurs commanditaires plus que de leur son, mêmes si elles nous rebattent les oreilles avec le contraire.»

Qu'à cela ne tienne, l'animateur voit une amélioration de la condition d'une relève qu'il juge débrouillarde, surtout que des déclarations publiques en ont sensibilisé plusieurs sur la diversité musicale québécoise.

«Depuis la sortie de (Pierre) Lapointe à l'ADISQ, une trâlée d'articles ont été écrits. L'industrie est obligée de tenir compte de l'émergence. À force de ténacité, on a des résultats.»

Organisé par Action Culture, le forum présenté demain à l'auditorium Joseph-Lavergne donnera lieu à trois tables rondes multidisciplinaires explorant les thèmes de l'urbanisme, des médias et de la carrière.

Le tout sera suivi d'une discussion avec le public et de la projection d'un documentaire sur les artistes émergents.