Internet héberge désormais 101 millions de sites. Imaginez qu'en 1995, on n'en recensait que 19 000! Le million de sites avait été franchi en 1997, multiplié au centuple une décennie plus tard. La plus forte expansion s'est produite depuis 2004; elle repose en grande partie sur la popularité phénoménale des blogues, indique une étude du cabinet Netcraft publiée jeudi par AFP.

Internet héberge désormais 101 millions de sites. Imaginez qu'en 1995, on n'en recensait que 19 000! Le million de sites avait été franchi en 1997, multiplié au centuple une décennie plus tard. La plus forte expansion s'est produite depuis 2004; elle repose en grande partie sur la popularité phénoménale des blogues, indique une étude du cabinet Netcraft publiée jeudi par AFP.

Depuis le début de 2006, dévoile en outre Netcraft, la Toile a accueilli 27,4 millions de nouveaux sites, comparativement à 17 millions en 2005. Au Canada, le 750 000e nom de domaine vient d'être recensé par l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), ce qui représenterait une hausse de 50 % du nombre d'enregistrements «.ca» en moins de deux ans.

Les blogues et les sites collaboratifs sont les principaux responsables de cette croissance exponentielle, d'où le rachat spectaculaire de YouTube par Google. Le site de vidéo en ligne occupe actuellement 46 % des parts de marché dans l'échange des contenus vidéo en ligne sur Internet, avec un réseau de plus de 100 millions d'utilisateurs. Quelques semaines après avoir fait l'acquisition de YouTube pour 1,65 milliard de dollars US, Google accélère les négociations avec les plus puissantes entreprises de contenu médiatique. C'est qu'il faut convaincre les éventuels partenaires de la rentabilité d'une telle plateforme.

Encore faut-il que Google puisse convaincre les fournisseurs de contenu de sa capacité à sécuriser YouTube. C'est pourquoi le site s'applique déjà à purger de son immense répertoire des milliers de contenus protégés par le droit d'auteur qui ne font pas l'objet d'ententes, parce qu'ils ont été mis en ligne par des usagers ordinaires qui les ont copiés impunément - The Daily Show With Jon Stewart, The Colbert Report et South Park font partie de ces purges, révélait le New York Times la semaine dernière.

Propriété du conglomérat médiatique News Corp (Rupert Murdoch), le fameux site MySpace.com, qui compte sur 37 millions d'utilisateurs aux États-Unis, a également annoncé avoir développé des mesures techniques de protection pour que les contenus numérisés ne se retrouvent pas illégalement sur son réseau collaboratif.

YouTube et MySpace doivent donc transiger avec les plus influents titulaires du droit d'auteur, d'où cette urgence à rendre sécuritaires les contenus de leurs partenaires d'affaires. Or, la tendance de plusieurs sites d'abonnement en ligne est à l'assouplissement des mesures techniques de protection, particulièrement ceux se consacrant essentiellement à la musique. Il faut voir dans cette nouvelle tentative d'instaurer l'ordre dans le contenu vidéo en ligne une intransigeance des industries de la télé et du cinéma. Similaire à l'intransigeance que manifestait celle de la musique il y a quelques douzaines de mois.

Pendant que la télé et le cinéma jouent les gros bras, les majors de la musique avalent tranquillement la pilule, conscients que la façon de déterminer la valeur marchande des contenus ne sera jamais plus la même. La multinationale Universal Music ne vient-elle pas d'annoncer son intention de réduire de plus de 30% le prix à l'unité du téléchargement pour 1500 albums de son répertoire? Cité récemment dans le journal en ligne du site Générations Nouvelles Technologies, le célébrissime Edgar Bronfman Jr, patron de Warner Music, ne souhaite-t-il pas une plus grande souplesse dans la fixation des prix chez iTunes?

Bien sûr, là où les investissements de contenu sont les plus considérables, on agit comme l'industrie de la musique l'a fait précédemment. C'est dire que les majors de l'information et du divertissement auront la mèche courte pour une période encore indéterminée.

Aux États-Unis, par exemple, l'administrateur d'un réseau d'échange Peer-to-Peer (P2P) vient d'être condamné à une peine d'emprisonnement de cinq mois pour violation des droits d'auteur. Grant T. Stanley, 23 ans, un des responsables du service P2P Elite Torrents (133 000 membres, 2 millions de contenus), est un cas exemplaire visant à décourager les millions d'internautes...

Comment, au fait, arrivera-t-on à les décourager? Comment pourra-t-on mater 101 millions de sites?