De tous les propriétaires d'équipe de la Ligue nationale de hockey, Ted Leonsis est sans contredit le plus branché sur le monde de l'Internet. Ça s'explique facilement: le proprio des Capitals de Washington a fait fortune chez America Online, dont il demeure vice-président.

De tous les propriétaires d'équipe de la Ligue nationale de hockey, Ted Leonsis est sans contredit le plus branché sur le monde de l'Internet. Ça s'explique facilement: le proprio des Capitals de Washington a fait fortune chez America Online, dont il demeure vice-président.

Il ne faut donc pas se surprendre que les Capitals aient été l'une des premières équipes de la LNH à reconnaître l'émergence d'une nouvelle source d'information pour les amateurs de hockey: les blogues.

En novembre 2005, Leonsis a été jusqu'à inviter un blogueur, Eric McErlain, à assister avec lui à un match des Caps, dans sa loge du MCI Center. Difficile d'imaginer Bill Wirtz ou Jeremy Jacobs (ou même le sympathique George Gillett) faire preuve d'autant d'ouverture...

Leonsis, qui tient lui-même un blogue (ted.aol.com), avait découvert McErlain en faisant une recherche dans Google pour voir ce qui s'écrivait sur la nouvelle vedette des Capitals, Alexander Ovechkin.

McErlain a livré un compte rendu de sa soirée et des discussions qu'il a eues avec Leonsis sur le blogue, Off Wing Opinion (www.offwingopinion.com), qu'il tient depuis bientôt cinq ans. Il a obtenu depuis une accréditation de journaliste pour les matchs locaux des Capitals.

En un sens, McErlain profite du désintérêt des journaux américains pour le hockey. «La couverture du Washington Post est en déclin, a souligné le blogueur dans une entrevue accordée La Presse. Le journal n'a même pas envoyé de journaliste à la finale de la Coupe Stanley l'an dernier. Les fans ont soif d'informations à propos de leur équipe et ils savent qu'ils ne l'obtiendront pas des médias traditionnels.»

Un diagnostic que semble partager Ted Leonsis. «Les médias traditionnels deviennent marginalisés, car leur tirage baisse et les ventes publicitaires déclinent. Pendant ce temps, les blogues ont une importance et une diffusion en pleine croissance. S'ouvrir aux nouveaux médias, c'est faire preuve de sens des affaires», confiait-il au SportsBusiness Journal, il y a quelques mois.

Le hockey en retard

Le monde du hockey a découvert les blogues sur le tard. «Pendant longtemps, il n'y avait pas grand-monde qui bloguait sur le hockey», souligne McErlain, dont le cybercarnet a vu le jour juste avant les Jeux olympiques de Salt Lake City, en février 2002.

«Les premiers fans de sports qui ont exploité le potentiel des blogues sont probablement les amateurs de baseball. Les émules de Bill James, adeptes des "sabermetrics", échangeaient depuis des années dans les forums de discussion. Ils ont vu dans les blogues une autre façon de s'exprimer.»

Depuis le lock-out, qui a forcé l'annulation de la saison 2004 -2005 de la LNH, le hockey s'est mis en mode rattrapage. «Avant, je pouvais compter les blogueurs de hockey sur les doigts d'une main. Maintenant, je suis incapable de tenir le compte», dit McErlain, rédacteur de discours dans la vie de tous les jours.

Le phénomène a d'abord pris de l'ampleur au sud de la frontière. Sans surprise, la région de Silicon Valley a été le lieu de naissance, dès 1998, d'un des premiers blogues consacrés au hockey, Sharkspage (www.sharkspage.com), qui demeure aujourd'hui un modèle du genre. Mais depuis, les blogues canadiens se sont multipliés.

Signe de leur crédibilité croissante, certains carnetiers commencent à se faire un nom en dehors de la blogosphère. Un blogueur réputé, Lyle Richardson, alias Spector, chronique aussi sur Foxsports.com. NBC Sports a récemment embauché McErlain pour rédiger une chronique de hockey hebdomadaire sur le site Internet du réseau. Et au moins cinq équipes de la LNH accréditent désormais des blogueurs, rapportait Newsweek en octobre.

Dans cet univers en pleine expansion, le meilleur côtoie évidemment le pire. Les opinions les plus réfléchies se mêlent aux rumeurs inventées de toutes pièces, les analyses statistiques poussées font contrepoids à la pure partisanerie. Il y a matière à s'informer, à réfléchir et à se divertir.