Le premier Forum mondial sur la gouvernance de l'Internet (FGI) s'achève jeudi sans déboucher sur aucune décision concrète, son statut consultatif le privant de ce pouvoir, mais sûr de sa pérennité, avec des sessions prévues pour les quatre prochaines années.

Le premier Forum mondial sur la gouvernance de l'Internet (FGI) s'achève jeudi sans déboucher sur aucune décision concrète, son statut consultatif le privant de ce pouvoir, mais sûr de sa pérennité, avec des sessions prévues pour les quatre prochaines années.

D'un format inédit, ce forum qui s'est tenu durant quatre jours à Vouliagmeni, dans la banlieue d'Athènes, a rassemblé sous l'égide de l'ONU plus de 1200 délégués, représentants de plus de 90 États, des principales entreprises de la Toile et de dizaines d'associations.

«Le but du forum n'était pas d'arriver à un accord ou à une conclusion mais de se parler. Il y a seulement quatre ans, tous ces gens ne se seraient même pas assis à la même table», a relevé Markus Kummer, coordinateur du groupe de travail de l'ONU sur la gouvernance de l'Internet.

Selon la plupart de ses participants, le FGI a présenté un «net progrès» par rapport aux précédents sommets sur la société de l'information, marqués par le carcan étroit des États, pour évoquer l'avenir de la Toile.

L'épineuse question de la domination américaine sur la gestion technique du réseau, sur laquelle les négociations entre les gouvernements avaient buté il y a un an au sommet de Tunis, a à peine été évoquée.

Les débats se sont en revanche en grande partie cristallisés sur la question de la restriction de l'accès à l'internet opérés par certains États autoritaires, comme la Chine, avec l'aide des grandes compagnies comme Google et Microsoft, qui ont été sommées de se justifier sur cette politique.

«Le format est apparu si évident et naturel pour les participants qu'on a presque oublié à quel point il avait été difficile de l'élaborer», a déclaré Bertrand de La Chapelle, qui conduisait la délégation française.

«Il est très rare d'avoir à ce niveau une égalité réelle entre les États, le privé et les associations. Voir le représentant iranien qui lève la main pour s'adresser à la société civile est une scène rare», ajoute-t-il.

Chose impensable normalement dans une enceinte onusienne, un représentant cubain s'est fait tranquillement rabrouer mercredi par un universitaire américain, qui lui a dit qu'il y avait «0% de Cubains connectés à l'Internet à leur domicile car le gouvernement ne le permet pas». Il n'a même pas été autorisé à répliquer.

«Institution d'un type unique», selon les termes de Paul Twomey, président de l'Icann, organisme chargé de la gestion technique du réseau, le forum a aussi été qualifié de «vaste chambre de remue-méninges», par un participant.

«Ce forum fait avancer nos idées. Concrètement il nous a permis de rencontrer les responsables du secteur privé et de gouvernements pour leur faire valoir nos vues», rapporte Frédéric Dubois, responsable d'APC, ONG luttant contre la «fracture numérique» entre le Nord et le Sud.

Observateur privilégié du forum, après avoir été en novembre 2005 membre de la délégation française à Tunis, Bernard Benhamou juge que l'on assiste au «début d'un processus» de discussion sur les questions comme la fracture Nord-Sud, le multilinguisme de la Toile ou la liberté d'expression.

«Quelque chose commence à émerger mais tout cela est encore assez flou. Maintenant nous allons avoir forcément des crises, il faudra voir comment le FGI les traverse. Et s'il débouche sur des décisions concrètes», dit-il.

Après Rio de Janeiro l'année prochaine, le FGI se tiendra en Inde, puis en Égypte. La Lituanie et l'Azerbaïdjan sont candidats pour l'accueillir en 2010.