Le premier Forum mondial sur la gouvernance de l'Internet (FGI) a débuté lundi à Vouliagmeni, dans la banlieue d'Athènes, pour quatre jours de discussions d'une ampleur inédite entre les représentants de plus de 90 États et les principaux acteurs de la Toile.

Le premier Forum mondial sur la gouvernance de l'Internet (FGI) a débuté lundi à Vouliagmeni, dans la banlieue d'Athènes, pour quatre jours de discussions d'une ampleur inédite entre les représentants de plus de 90 États et les principaux acteurs de la Toile.

Organisé sous l'égide de l'ONU, après le Sommet sur l'information de Tunis il y a un an, le FGI, auquel participent 1200 personnes, a été ouvert lundi matin par le Premier ministre grec, Costas Caramanlis.

Pour la première fois sont réunis pour débattre les grands opérateurs tels Yahoo! et Google, des organisations de défense des libertés, comme Amnesty International, des Etats qui traquent les cyberdissidents, comme la Chine, des chercheurs, des membres de l'administration américaine.

«Il y aura des débats animés entre des participants qui habituellement ne se mettent pas autour d'une table», prévoit Martin Selmayr, porte-parole de la commissaire européenne à la Société de l'information et aux médias Viviane Reding, qui sera présente à Athènes.

Washington avait à l'époque refusé de céder un pouce du contrôle qu'il exerce sur la gestion de la toile - l'Icann, organisme chargé du rôle clé de la distribution des «noms de domaine», est sous la coupe de son administration - mais avait accepté en guise de compromis la mise en place du FGI.

Si la question de la domination américaine risque donc de s'inviter largement aux débats, les promoteurs du forum ont préféré axer les discussions sur des thèmes plus consensuels: cybercriminalité, lutte contre les pourriels, protection des données personnelles, accès à l'internet, liberté d'expression.

«C'est le début d'une coopération: les uns apprennent des autres, on repère les bonnes pratiques et les champions dans leurs secteurs donnent l'exemple», explique Markus Kummer, coordinateur du groupe de travail de l'ONU sur la gouvernance de l'Internet.

La grande faiblesse du FGI est qu'il n'a pas de pouvoir décisionnaire. Mais il peut «émettre des recommandations, qui ensuite seront reprises par les organisations qui elles ont des pouvoirs», poursuit Markus Kummer.

La question de la censure ne va pas manquer de provoquer des remous, après les récentes accusations lancées contre les grands opérateurs de collaborer avec les régimes autoritaires, comme la Chine.

«Nous allons à Athènes pour rappeler les entreprises à leurs responsabilités, leur dire que la censure de l'Internet est une atteinte aux droits de l'Homme», prévient Julien Pain, membre de l'association Reporter sans frontières (RSF).

Parmi les sujets susceptibles en revanche de faire l'objet d'une certaine entente les questions de sécurité dominent.

«Prenez les spams, personne ne trouve que c'est une bonne chose. Pourtant les différents acteurs du Net ne s'accordent pas encore sur les moyens de mettre en place la lutte. Mais au moins nous avons une base de discussion: tout le monde est contre», avance Markus Kummer.

«II y a un autre sujet sur lequel le forum peut provoquer une vaste prise de conscience c'est celui de la protection des données personnelles. C'est un thème qui commence à émerger comme une préoccupation majeure», prévoit aussi un diplomate européen qui participera aux débats.