En rachetant le site d'échange de vidéos sur internet YouTube, Google montre qu'il a en ligne de mire la télévision de papa et les réseaux câblés qui la diffusent, estiment les analystes et experts du secteur.

En rachetant le site d'échange de vidéos sur internet YouTube, Google montre qu'il a en ligne de mire la télévision de papa et les réseaux câblés qui la diffusent, estiment les analystes et experts du secteur.

Si cette opération réveille les inquiétudes concernant une éventuelle répétition de la bulle des valeurs de l'Internet de la fin des années 1990, en raison des 1,65 milliard de dollars payé par Google pour YouTube, elle apparaît toutefois comme un calcul financier raisonné que Google pouvait se permettre.

Apporter des vidéos directement par l'internet sur les écrans des foyers américains est «le Graal recherché depuis dix ans», souligne Matt Rosoff de Microsoft. «Et il se pourrait qu'on finisse par l'atteindre», ajoute-t-il.

Pour y arriver, Google s'est déjà allié à Apple qui, avec son baladeur musical iPod, a déjà conquis le marché de la musique sur internet. Le PDG de Google Eric Schmidt est entré en août au Conseil d'administration d'Apple, dont le fondateur Steve Jobs n'est jamais en retard d'une idée.

Apple a déjà annoncé le lancement prochain de «iTV», un boîtier que les téléspectateurs pourront brancher sur leur télévision pour fouiller l'internet à la recherche des vidéos et films qu'ils souhaitent voir.

Quand à Steve Jobs, il est lui rentré en janvier au Conseil d'administration du groupe de médias Walt Disney dont il est le principal actionnaire depuis le rachat des studios Pixar qu'il avait co-fondé en 1986.

«Tous les yeux sont tournés vers ce qui va se passer avec Apple et Google en ce qui concerne la stratégie à long-terme», souligne Rob Enderle du cabinet d'études Enderle Group. «Cela pourrait être très intéressant car toutes les pièces semblent se mettre en place», ajoute-t-il.

Apple n'a pour l'instant pas fourni beaucoup de détails sur «iTV» qui agira comme un relais entre la télévision et l'ordinateur, ce dernier étant chargé de chercher sur l'internet les programmes désirés.

Google apporte de son coté les capacités de son moteur de recherche et son expérience dans l'utilisation des vastes réseaux de fibre optique installés ces dix dernières années et encore largement sous-utilisés.

«L'appareil qui vous permet de regarder les vidéos est iTV, le vecteur est Google avec YouTube et les relations entre Apple et Disney apportent les programmes à haute-définition», résume Rob Enderle.

«iTV s'alimentera directement et remplacera la boîte câble. Je ne suis pas sûr que les câblo-opérateurs aient vu le coup venir», ajoute l'analyste.

Mais Brian Haven de Forrester Research avertit qu'il est quand même prématuré d'enterrer les réseaux câblés de télévision. Ceux-ci ont déjà des liens étroits avec les studios et les chaînes de diffusion et ne présentent pas les risques de piratage inhérents à l'internet, souligne-t-il.

La plupart des foyers américains n'ont également pas accès aux réseaux à bande large nécessaires pour télécharger des films de l'internet avec une qualité d'image rivalisant avec celle offerte par le câble, indique Brian Haven.

«Il y a trop d'éléments rentrant en ligne de compte pour pouvoir dire que cela sonne le glas des réseaux câblés de télévision», affirme-t-il, jugeant qu'«iTV aura sa place dans le salon mais ne va pas remplacer le câble».

Joe Laszlo de Jupiter Research rappelle pour sa part que le succès de YouTube montre que ce sont les petits clips vidéo que les gens recherchent sur internet, beaucoup plus que les films sur lequel les grands studios ont les droits et les séries télévisées. Google va ajouter à YouTube son expertise en matière de recherche et de hiérarchisation.

«Pour l'instant, la vidéo sur internet c'est le far-west», rappelle Roger Aguinaldo, éditeur du journal spécialisé dans les fusions et acquisitions M and A Advisor.

«Il y a aura d'autres YouTube. Ce n'est pas une passade il y aura encore beaucoup de gens qui deviendront multi-millionaires du jour au lendemain», estime-t-il.