Quand Loïc Le Meur se déplace en Amérique, il fait courir...les blogueurs.
Quand Loïc Le Meur se déplace en Amérique, il fait courir...les blogueurs.
Cette vedette des blogues français était de passage à Montréal dans le cadre de la conférence Webcom 2006, hier, pour exprimer sa vision de cette plateforme qui donne la parole à tous les citoyens branchés.
À 33 ans, le blogueur a déjà un parcours bien rempli. Directeur général pour l'Europe de l'entreprise d'hébergement de blogues Six Apart, l'homme a auparavant créé et vendu quelques entreprises dont B2L, une agence de publicité interactive achetée par BBDO.
Son blogue, visité chaque mois par 200 000 personnes, a assuré à Loïc Le Meur une reconnaissance, tant des internautes que de la sphère politique française.
En décembre dernier, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a accepté de le recevoir, une première pour un blogueur français. La rencontre a eu des échos jusqu'aux États-Unis.
Il y a un mois, quand il a annoncé qu'il voterait pour Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, Loïc Le Meur a eu droit à une surprise.
«Dans les heures qui ont suivi, il y a eu une dépêche AFP et une dépêche Reuters, explique-t-il. Je ne pensais pas du tout à ça quand j'ai écrit la note, sinon j'aurais probablement fait plus attention. Mais je ne regrette pas de l'avoir fait.»
En plus des réactions dans les médias, l'entrée du blogue a suscité jusqu'ici 297 commentaires. Influent, Loic Le Meur?
«Demandez aux autres», répond-t-il, tout en avouant que depuis «quelques mois», il surveille davantage les choses qu'il écrit.
Son influence vient à tout le moins d'être reconnue par le cabinet de relations publiques Edelman et le site Technorati, qui l'ont nommé hier le blogueur francophone le plus influent de la blogosphère.
Quand les blogueurs commencent à rencontrer des politiciens, force est de constater que la frontière entre eux et les journalistes s'amincit, dit Loïc Le Meur.
«Il y a tout un contenu amateur, dont la plupart des gens disent que ce n'est pas de l'information, mais qui a un impact considérable. La frontière entre la production amateur et professionnelle est parfois difficile à voir.»
Mais selon le blogueur, ses confrères et lui ont certains avantages sur les journalistes.
«Les blogueurs sont libres de ne rien publier, dit-il. On peut prendre quatre jours pour réfléchir. Cette liberté est incroyable. Je ne crois pas que les blogueurs veulent être journalistes, mais ils aiment être traités comme tel. Certains se rendent compte de l'influence qu'ils peuvent avoir.»
Loic Le Meur parle du «pouvoir des amateurs» et affirme que leur arrivée menace certains journalistes. Il croit que les mauvais journalistes vont disparaître, à force de voir leurs erreurs relayées sur les blogues.
«Les professionnels vont rester, on a besoin de contenu professionnel de qualité. Mais il est concurrencé d'une manière sans précédent par du contenu amateur. Ce qui ne veut pas dire que l'un remplace l'autre.»
À lire aussi :
The podcast shaking up French politics, un article de Newsweek
Le blogueur Le Meur vote Sarkozy, un article de Libération