Un certain nombre de blogues québécois ou hébergés par des serveurs québécois font actuellement l'objet d'une enquête par les cyberpatrouilleurs de la Sûreté du Québec.

Un certain nombre de blogues québécois ou hébergés par des serveurs québécois font actuellement l'objet d'une enquête par les cyberpatrouilleurs de la Sûreté du Québec.

«Nous en avons un certain nombre. Je ne veux pas entrer dans les détails parce qu'il y a des enquêtes en cours. Mais ça fait partie de notre travail, indique le lieutenant Frédérick Gaudreau, officier responsable du module de la cybersurveillance et de la vigie à la Sûreté du Québec.»

Il ne veut pas dire combien de blogues sont concernés par de telles enquêtes ou encore si celui de Kimveer Gill faisait partie des sites surveillés. Par contre, précise-t-il, la question des blogues est préoccupante en raison de l'augmentation exponentielle de ceux-ci. «Des blogues, il y en a 10 à la seconde qui ouvrent. (...) Il y a tellement d'informations, tellement de personnes. C'est à se demander où tout cela va s'arrêter.»

Faire de la surveillance sur Internet revient à chercher une aiguille dans une botte de foin, concède aussi le policier. «Il serait utopique de dire qu'on connaît tous les crimes qui se font sur Internet.»

«Même si les policiers avaient parcouru toutes les pages Web de source canadienne, ils n'auraient rien trouvé concernant Kimveer Gill car son site était hébergé aux États-Unis», dit pour sa part Jacques Viau, directeur de la sécurité informatique au Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM).

Ce constat pose le second grand problème (après la quantité d'information à fouiller) de la criminalité sur Internet: le territoire et l'anonymat. On peut certes identifier une menace sur Internet mais il faut posséder toutes les informations pertinentes avant d'obtenir un mandat permettant une arrestation. "Qui est réellement devant le clavier au moment de mettre en ligne une information donnée?" demande M. Viau en guise d'exemple.

Et lorsque la menace vient de l'extérieur ou est hébergée par un site étranger, il faut collaborer avec les autorités policières du pays tiers.

Pourtant, la menace et le crime sont bien présents et bien tangibles.

«On est en train de banaliser ce qui s'écrit sur Internet, comme si ça faisait partie d'une réalité virtuelle, souligne la présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest. Les intentions de quelqu'un ne sont pas moins vraies parce qu'elles sont écrites sur Internet et elles devraient être considérées comme des paroles. C'est aussi important que des menaces de mort faites par téléphone ou verbalement.»

Selon elle, la leçon à tirer de cet événement est d'être plus vigilant avec les contenus. «Il faudrait avoir un filet de sécurité. Il faut qu'on se donne les moyens pour réagir lorsqu'on décèle sur Internet des menaces, des dangers, ajoute-t-elle. Les personnes à risque pourraient être ainsi évaluées par des personnes compétentes.»

Il y a des progrès. Ainsi, au moment de sa création, le module de la SQ comptait deux employés. Ils sont maintenant sept. Ils mettent régulièrement la main au collet de fraudeurs ou de pédophiles. L'arrestation récente de 17 présumés terroristes à Toronto est aussi attribuable à la cyberpatrouille, dit-on dans le milieu. «Oui, les ressources évoluent mais peut-être pas aussi rapidement qu'Internet, dit Jacques Viau. Et peut-être pas aussi rapidement que les groupes extrémistes, les délits ou toutes les personnes accros à différentes choses qui passent par là.»

Outre la SQ, d'autres organisations telles la GRC, la police de Montréal et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) s'intéressent à ce qui se passe sur le Web. La Défense possède aussi son propre site de renseignement.

Par ailleurs, le concepteur du jeu Super Columbine Massacre, disponible gratuitement sur Internet, s'est dit attristé par les événements survenus au collège Dawson.

«Je suis, comme vous tous, attristé par les nouvelles concernant la fusillade du collège Dawson», dit l'individu prénommé Danny, qui défend la vocation «artistique» de son jeu. «Mes condoléances vont à tous ceux qui sont affectés par cet événement douloureux.»

Sachant bien qu'il ferait l'objet d'une attention particulière, l'individu a même inscrit un hyperlien sur la page d'entrée de son jeu hier.

Avec la collaboration de Malorie Beauchemin et Tristan Péloquin