Dans moins de cinq ans, tous les consommateurs achèteront leurs voyages vers les destinations-soleil en direct sur les sites Web des grossistes, et les agences de voyages seront éliminées du processus. C'est ce que pense Hugh Boyle, président du voyagiste Go Travel Direct et du transporteur Zoom Airlines.

Dans moins de cinq ans, tous les consommateurs achèteront leurs voyages vers les destinations-soleil en direct sur les sites Web des grossistes, et les agences de voyages seront éliminées du processus. C'est ce que pense Hugh Boyle, président du voyagiste Go Travel Direct et du transporteur Zoom Airlines.

Pourquoi? «Question de prix! répond-il. Nous incitons nos clients à effectuer leurs recherches et leurs réservations sur notre site Internet. Ainsi, nous n'avons pas de commissions à verser aux agents de voyages. Nous ne publions qu'une petite brochure, à titre indicatif parce que plus de 90% de nos clients utilisent Internet pour s'informer sur nos programmes. Ces façons de procéder nous permettent de réaliser des économies énormes. À produit égal, nos tarifs sont de 18% moins élevés que ceux des voyagistes traditionnels qui font revendre leurs forfaits par les agences de voyages.»

Go Travel Direct entame sa troisième saison d'hiver sur le marché de Montréal, avec trois nouvelles destinations dans son portefeuille de produits : Saint-Martin, Acapulco et Punta Cana, en République dominicaine. Sa compagnie soeur, Zoom Airlines, qui assurait l'hiver dernier un vol hebdomadaire vers Paris et un autre vers Londres, commercialisera chaque semaine deux liaisons vers chacune des deux capitales.

L'hiver dernier, Go Travel Direct a vendu un peu plus de 35 000 forfaits sur le marché québécois et 65% des acheteurs ont complété le processus de réservation et de paiement sur son site Web. Les autres sont passés par le centre d'appels ou le bureau de ventes que le grossiste exploite rue Émery. Cette année, le voyagiste commercialisera 50 000 forfaits au départ de Montréal, entre le 1er novembre et le 30 avril. Ce qui le place au même niveau que des grossistes établis depuis longtemps, comme Vacances Signature ou Vacances Sunquest.

Hugh Boyle s'attend à ce que huit consommateurs sur 10 réservent et paient leurs forfaits sur le Web. «Nous accordons une réduction de 10 aux clients qui transigent sur Internet, ce qui en séduit plusieurs. Aussi, les gens s'habituent à faire des achats en ligne, remarque-t-il. Il suffit qu'ils le fassent une fois pour que leurs appréhensions se dissipent. Comme beaucoup de nos clients reviennent, cela contribue à faire grimper le pourcentage de transactions Internet. Par contre, nous estimons qu'avec un taux de 80% de réservations en ligne, pour l'hiver 2006/2007, nous aurons atteint un plafond. Il restera toujours des irréductibles qui préféreront téléphoner ou se rendre à notre bureau de ventes.»

Le portefeuille hôtelier de Go Travel Direct comprend très peu de propriétés de grandes chaînes espagnoles comme Barcelo, Melia, Occidental, Iberostar et autres groupes populaires sur le marché québécois. Les dirigeants du grossiste croient que les hôteliers refusent de leur vendre des chambres parce qu'ils subissent des pressions de la part des grands voyagistes traditionnels. Selon eux, ceux-ci craignent comme la peste un concurrent en mesure de vendre ses produits moins chers parce qu'il a adopté des méthodes de distribution différentes. Ils ont donc déposé une plainte au Bureau de la concurrence dont les inspecteurs viennent d'effectuer des descentes dans les bureaux de six grands voyagistes canadiens, parmi lesquels Transat et Tours Mont-Royal.

«J'espère que cette affaire fera comprendre aux hôteliers que ce qu'ils font n'est pas légal au Canada, dit Hugh Boyle. Je veux juste qu'ils mettent fin au boycott insidieux ou déclaré auquel nous sommes exposés parce que nous avons adopté un mode de distribution différent.»

Le président de Go Travel Direct est persuadé que les Tours Mont-Royal, Vacances Transat, Signature et autres se convertiront aussi bientôt à la vente en direct sur Internet.

«C'est inévitable! lance-t-il. Ils n'ont pas encore eu le courage de faire le saut, mais la pression du marché va bientôt les y contraindre. Jusqu'à présent, ils ont peur de s'aliéner les agents de voyages, mais ils travaillent déjà insidieusement en direct par le biais de leurs sites Web. Les consommateurs seront gagnants, puisque cela fera diminuer les prix.»

Hugh Boyle observe que la conversion des voyagistes traditionnels à la vente en direct sur Internet est un phénomène en marche partout dans le monde. En Scandinavie et au Royaume-Uni, le marché se partage actuellement à parts égales entre la vente en direct et le mode de distribution traditionnel, via les agents de voyages.

«Les bons agents de voyages parviendront à négocier le virage, prédit Hugh Boyle. Ils cesseront d'être des preneurs de commandes pour devenir des fabricants de forfaits sur mesure.»