Aussitôt la «démotion» de Pluton connue, Internet a été envahi de sites vendant de la «marchandise plutonienne».

Aussitôt la «démotion» de Pluton connue, Internet a été envahi de sites vendant de la «marchandise plutonienne».

Les uns veulent lancer une campagne de «défense» de Pluton, les autres profitent de la popularité nouvelle -et temporaire- de ce très lointain corps céleste.

Le tout fournit du coup un curieux exemple de la façon dont certaines informations scientifiques peuvent soudain prendre une importance énorme. Pendant que les bombes continuaient d'exploser à Bagdad et qu'une force de maintien de la paix tentait de partir pour le Liban, les astronomes faisaient la manchette grâce à un débat purement linguistique: Plutôt est-elle ou non une planète?

Ainsi, le mois dernier, on a davantage parlé de ce congrès de l'Union astronomique internationale (UAI), où devait être tranchée cette «grave» question, que de la plupart des congrès d'astronomie des 25 dernières années.

Mais à en juger par la vigueur des réactions, il y a effectivement des gens qui considèrent comme un affront personnel la décision des astronomes qui, au terme de ce congrès de l'UAI, le 24 août, ont relégué Pluton au titre de «planète naine». Avec pour résultat que le système solaire compte désormais huit «vraies» planètes, plutôt que neuf.

«Votez pour Pluton» ou «Sauvez Pluton», suggèrent deux des produits vendus en ligne. «Klaxonnez si Pluton est une planète», ajoute un auto-collant vendu pour la modique somme de 4$ depuis Los Angeles. Plus de 1500 produits recensés pendant les 24 premières heures par un organisme de San Francisco!

Sur le blogue collaboratif Slashdot, l'article sur Pluton a généré plus de 500 commentaires en deux jours.

«Nous croyons toujours en Pluton», déclare une nommée Janis Robinson qui affirme ne pas faire ça pour l'argent... que pourrait lui rapporter le t-shirt vendu à 25$ l'unité.

Des astronomes sont également mécontents, pas tant de la démotion de Pluton que de la nouvelle définition de «planète», lit-on dans le New Scientist, mais il semble acquis qu'aucune définition n'aurait de toutes façons fait l'unanimité.

Un des scientifiques qui a le plus de raisons d'être déçu est le directeur de la mission spatiale New Horizons, lancée vers Pluton plus tôt cette année, et dont il vantait l'importance depuis plus d'une décennie parce que, disait-il, Pluton était la seule planète à n'avoir jamais été visitée.

Le système solaire ne compte pourtant neuf planètes que depuis 1930 -date de la découverte de Pluton. La catégorie des «planètes naines» en revanche, pourrait s'enrichir, dans les décennies à venir, de dizaines d'autres membres, à mesure que se succéderont les découvertes dans les banlieues les plus éloignées de notre système solaire.