Un nouveau rapport sur les activités terroristes sur Internet fait état de plus de 6000 sites Web à caractère haineux, cette année. Du jamais vu. De ce nombre, une cinquantaine de ces sites s'adressent aux Canadiens, constate Richard Marceau, porte-parole des Amis du Centre Simon Wiesenthal, l'organisme qui a rédigé le rapport.

Un nouveau rapport sur les activités terroristes sur Internet fait état de plus de 6000 sites Web à caractère haineux, cette année. Du jamais vu. De ce nombre, une cinquantaine de ces sites s'adressent aux Canadiens, constate Richard Marceau, porte-parole des Amis du Centre Simon Wiesenthal, l'organisme qui a rédigé le rapport.

Publié le mois dernier, il s'agit du huitième rapport Terrorisme et haine numérique, qui décrit la croissance rapide du nombre de sites Web faisant la promotion de l'intolérance. En publiant ces données, Les Amis du Centre Simon Wiesenthal espèrent inciter la communauté internationale à adopter une forme d'enregistrement forçant les propriétaires d'un site Web à s'identifier clairement afin de savoir à qui s'adresser quand les propos contenus sur un site public sont offensants.

«En 1995, on ne relevait qu'un seul site à caractère raciste sur Internet:Stormfront (www.stormfront.org)», dit-il. Aujourd'hui, certains sites sont même hébergés au Canada, malgré la Loi canadienne contre les propos haineux."

D'autres, plus nombreux, sont hébergés aux États-Unis ou ailleurs, mais ont quand même pour cible les internautes canadiens. C'est le cas du site Muslims out (www.muslimsout.org), qui tente d'attiser la colère des Canadiens et du monde occidental contre l'Islam.

Ces sites sont parfois très violents dans leurs propos. Certains expliquent, à l'aide de séquences vidéo très explicites, comment fabriquer sa propre ceinture d'explosifs, tout en insistant sur l'importance d'y insérer des milliers de petites billes en métal -ça décuple les chances de tuer les gens autour.

«Les terroristes arrêtés à Toronto cet été avaient la même recette de bombe que Timothy McVeigh (celui qui a fait exploser un édifice gouvernemental à Oklahoma City, en 1995). On la retrouve sur Internet», dit Richard Marceau.

Cibler les jeunes

Le rapport constate que les techniques se sont raffinées, et que les groupes racistes tentent de plus en plus d'attiser le racisme chez les jeunes. Il donne en exemple des jeux vidéo qu'on télécharge gratuitement et dont le but consiste à cribler de balles des Noirs ou des musulmans.

Selon le rapport, la musique sert aussi à la propagande. Par exemple, la page personnelle de deux jolies adolescentes blondinettes, un duo de chanteuses pop s'appelant Prussian Blue. Il faut une minute avant de s'apercevoir que «Prussian Blue», c'est un clin d'oeil à l'idée de pureté de la race aryenne: les cheveux blonds, les yeux «bleus de Prusse».

Des sites à la facture très professionnelle, mais dont les propos déforment la réalité afin d'encourager l'intolérance, s'adressent quant à eux aux écoliers. «Des enfants du primaire, à qui on demande de faire une recherche sur un personnage historique, peuvent se faire tromper par des sites à l'air sérieux», explique Richard Marceau.

Il cite le site www.mlking.org, une parodie tendancieuse du site officiel rendant hommage à Martin Luther King, pacifiste américain des années 60. En page d'accueil de ce site (anglophone) se trouve l'en-tête suivant: «Attention étudiants: remplissez notre questionnaire éclair sur MLK!» Un questionnaire pas très flatteur pour le personnage, il va sans dire.

Facile d'accuser le média

Face à la présence accrue de sites à caractère haineux, il est facile de montrer du doigt Internet comme responsable du phénomène. Après tout, il n'en coûte à peu près rien pour acheter une adresse Web, bâtir et héberger un site Web qui, grâce à la puissance de ce média, rejoindra des millions d'internautes.

«Nous ne voulons pas de censure, mais plus de responsabilisation par rapport à ce qui s'écrit sur Internet», explique Léo Adler, responsable canadien des Amis du Centre Simon Wiesenthal. Car aujourd'hui, Internet est devenu une université virtuelle pour les terroristes.

«Même en ne convainquant que 1% de 1% de 500 millions d'internautes d'envoyer 1 pour soutenir notre cause, on arrive à trouver 50 000 personnes prêtes à nous financer.»

Il ajoute que l'on retrouve aussi «plein de jeux téléchargeables gratuitement, que les enfants aiment beaucoup, dont le but consiste à fusiller des extraterrestres, qui deviennent rapidement des Noirs ou des Juifs». Selon lui, dans sa forme actuelle, «Internet rend difficile l'identification des créateurs de ces sites Web et de ces jeux au contenu haineux».