«L'agence de voyages de demain sera une combinaison de formules, prédit Didier Montrevel, président de la chaîne Voyages En Direct. Elle conservera une façade d'agence traditionnelle, avec un bureau dans lequel travailleront des conseillers. Une bonne partie des ventes transitera par Internet. L'agence se dotera donc d'un site Web identifié à son image, mais aussi d'un site parallèle qui sera présenté sous un autre nom, de telle manière que les internautes qui y magasineront ne sachent pas qu'ils ont affaire à une agence de voyages traditionnelle.»

«L'agence de voyages de demain sera une combinaison de formules, prédit Didier Montrevel, président de la chaîne Voyages En Direct. Elle conservera une façade d'agence traditionnelle, avec un bureau dans lequel travailleront des conseillers. Une bonne partie des ventes transitera par Internet. L'agence se dotera donc d'un site Web identifié à son image, mais aussi d'un site parallèle qui sera présenté sous un autre nom, de telle manière que les internautes qui y magasineront ne sachent pas qu'ils ont affaire à une agence de voyages traditionnelle.»

Pourquoi ce «déguisement»? Tout simplement parce que de plus en plus de consommateurs ne veulent pas traiter avec une agence de voyages traditionnelle. Ils pensent qu'ils sont en mesure d'obtenir de meilleurs prix en s'adressant à des agences en ligne comme Expedia ou Travelocity, voire directement aux fournisseurs.

Chez ces derniers, on sent se dessiner une tendance à la vente en direct. Go Travel Direct, grossiste d'Ottawa associé au transporteur Zoom Airlines, tente d'imposer ici un modèle de voyagiste «Internet». Les grands voyagistes mentionnent maintenant l'adresse de leurs sites Web sur chaque page de leurs brochures ou presque.

Tours Mont-Royal n'affiche plus de tableaux de prix complets. Seuls quelques tarifs sont mentionnés à titre indicatif et le lecteur est invité à consulter le site Web pour découvrir la liste complète des prix. Les porte-parole du grossiste font observer que les prix fluctuent continuellement - ce qui est vrai - et qu'il ne sert à rien de les présenter dans les brochures, alors qu'ils sont si vite périmés.

«Discounters»

Le dernier sondage du Conference Board sur les intentions de voyage des Canadiens souligne que 49% des consommateurs avaient l'intention de passer par une agence pour réserver leur voyage cet été. En 2002, cette proportion était encore de 78%.

Le même sondage révèle que 60% des consommateurs utilisent Internet pour préparer leur voyage, alors qu'ils n'étaient que 41% en 2001 (pour ceux qui vont aux États-Unis, la proportion d'internautes grimpe à 90%).

Mais les voyagistes ne comptent pas seulement sur Internet. Tous les grands grossistes sont propriétaires de «discounters», des agences qui revendent à rabais et qui se spécialisent dans les réservations de dernière minute.

Vacances Signature (ou plutôt sa compagnie mère, First Choice) est propriétaire de Sell-Off Vacations, qui a pignon sur rue dans le Grand Montréal et à Québec. Vacances Sunquest (sa compagnie mère, le groupe My Travel) exploite le "discounter" ontarien Bel Air Travel et est étroitement associée, au Québec, à Vosvacances.ca. L'entreprise Tours Mont-Royal est propriétaire de Voyages Centre-Ville. Le groupe Transat exploite le site Exit.ca et l'agence D-7 (D moins sept), qui se spécialise dans les réservations de dernière minute.

Parallèlement, des «discounters» indépendants font un malheur. C'est le cas de Voyages Bergeron, Voyages Écono et, surtout, Voyages à Rabais, de Trois-Rivières, qui s'attaque maintenant au marché ontarien.

La vente des forfaits vers les destinations-soleil, qui compte pour environ 50% du chiffre d'affaires des agences spécialisées dans le voyage d'agrément (par opposition aux agences spécialisées en voyages d'affaires) échappera-t-elle au réseau de distribution traditionnel?

«Non, croit Didier Montrevel, car il y aura toujours des gens qui préféreront traiter avec des conseillers.» Une opinion entérinée par Philippe Sureau, président de Transat Distribution, qui exploite le plus gros réseau d'agences du Canada: «De plus en plus de gens voyagent. Cela élargit le bassin de clientèle, constate M. Sureau. Mais le Web ressemble à un capharnaüm dans lequel des consommateurs ont parfois de la difficulté à se retrouver. Une bonne proportion de la population préférera donc s'en remettre à des experts. Et les conseillers en voyages de demain seront notamment formés pour devenir des experts de la recherche sur le Web», conclut-il.