Six millions de dollars sont perdus chaque année par des centaines de Canadiens à la suite d'une cyberfraude de type «419». Ses variantes les plus récentes ont représenté 16,5 millions de dollars en 2005, faisant 4594 victimes.

Six millions de dollars sont perdus chaque année par des centaines de Canadiens à la suite d'une cyberfraude de type «419». Ses variantes les plus récentes ont représenté 16,5 millions de dollars en 2005, faisant 4594 victimes.

Une victime de Colombie-Britannique a carrément perdu 4 millions en une seule fraude. Il était comptable pour un constructeur d'hélicoptères, auquel il avait «emprunté» l'argent dans le but, selon lui, de le restituer une fois reçu son magot africain.

Des histoires comme ça, on en trouve des dizaines au Centre d'appel antifraude du Canada (phonebusters.org), mis sur pied par la GRC et la police de l'Ontario, qui nous a donné les chiffres ci-dessus.

Selon son porte-parole Bary Elliott, beaucoup de ces fraudes, bien qu'originaires d'Afrique occidentale, sont effectuées par des agents opérant dans nos villes. Ils sont difficiles à retracer, leurs transferts de fonds étant faits anonymement.

Selon M. Elliott, la seule façon efficace de lutter contre ces cyberfraudeurs est d'instruire la population sur leurs méthodes.

La forme classique du «419 nigérian» consiste par exemple à faire croire à un internaute, documents officiels à l'appui, qu'il pourra toucher une part d'une somme importante en aidant à son transfert hors d'Afrique, où des autorités corrompues cherchent à mettre la main dessus. Ou encore, l'internaute a gagné de l'argent à la suite d'une poursuite en recours collectif. En échange, il doit payer des «frais de service» au soi-disant avocat ou autre officiel, la plupart du temps par Western Union ou Moneygram.

Blanchiment d'argent

Si on vous propose ce genre de chose, ignorez-la. Même si c'était la vérité, ce serait illégal, puisque ça revient à faire du blanchiment d'argent.

Depuis quelques mois, sa variante la plus populaire consiste à utiliser des chèques volés dans des boîtes aux lettres, puis à les maquiller pour faire croire à un internaute qu'il a gagné une importante somme d'argent, pour une raison ou une autre, provenant d'une quelconque organisation. Quand elles vont encaisser ces chèques, non seulement les victimes ne touchent pas un cent, mais elles risquent aussi quelques nuits en prison puisque ce sont des chèques volés.

«Le plus important, c'est de ne jamais se déplacer physiquement pour conclure la prétendue entente», prévient M. Elliott. «Un Québécois m'a justement appelé il y a deux semaines à ce sujet. Il s'est rendu en Afrique, où les fraudeurs l'ont forcé à leur donner plus de 10 000. Ils lui ont dit: ne cherche pas à récupérer cet argent, tu es déjà chanceux de ne pas avoir été blessé.»

Selon Bary Elliott, il n'y a pas de portrait type de la victime d'un «419». Elles se trouvent partout au pays, et ne sont pas forcément stupides. «On trouve là-dedans des professionnels avec un bon niveau d'éducation. Si des gens sont capables de se faire voler autant d'argent, c'est qu'ils ont été capables de le gagner en premier lieu.»

M. Elliott connaît bien les «pêcheurs de fraudeurs» comme Mike (voir article ci-dessus). Mais il les trouve un peu trop téméraires. «Je ne recommande à personne de jouer à ça, de même que je déconseille de rencontrer physiquement ces gens, dit-il. Nous avons eu plusieurs cas de disparitions.»