Parions que certains collègues ne travailleront pas très fort au bureau ce matin.

Parions que certains collègues ne travailleront pas très fort au bureau ce matin.

Une compagnie de publicité montréalaise lance aujourd'hui (lundi) une attaque «virale» dans la boîte de courriels de 10 000 Québécois.

D'ailleurs vous en êtes peut-être même déjà victime.

D'un clic de souris, vous serez catapulté sur un court de tennis, une raquette dans les mains. Prêt à affronter les meilleurs joueurs virtuels de l'heure.

L'offre est tentante.

À la chasse aux consommateurs, les publicitaires fourbissent de nouvelles armes redoutables.

On imagine déjà les collègues collés à leur écran d'ordinateur, essayant d'accumuler le plus de points possible pour inscrire leur nom en haut du palmarès des meilleurs joueurs.

Chaque manche gagnée vaut 500 points.

Un échec en fait perdre 100.

Une participation à la finale est assortie d'un tirage au sort avec à la clé, des paires de billets pour le Masters de tennis de Montréal, qui se tient du 12 au 20 août.

D'une épreuve à l'autre, il est facile de rester accroché une demi-heure sur le site du jeu vidéo Pète ta raquette.

De l'or en barre pour des compagnies comme la Banque Nationale et Rogers, dont les logos apparaissent à l'écran. Conserver un auditoire captif aussi longtemps tient de l'exploit dans notre société hyperactive.

Au mieux, une publicité télévisée retient l'attention 30 secondes, quand le spectateur ne zappe pas tout simplement.

«C'est LA nouvelle tendance en publicité», dit Pascal Beauchesne, publiciste chez Revolver 3, et auteur du coup.

Le phénomène a déjà été surnommé - bien à propos - la pub virale.

Elle peut prendre différentes formes, mais son objectif est toujours le même: comme un virus, elle s'infiltre directement dans la boîte de courriel ou le téléphone cellulaire du consommateur ciblé. Pour le frapper de plein fouet.

La publicité pique alors la curiosité du quidam avec un jeu ou une animation, le plus souvent ludique.

Le but étant que, amusé, ce dernier transmette ensuite le lien au plus grand nombre de copains possible. Qui à leur tour feront la même chose...

Bref, une seule diffusion suffit à atteindre un public très vaste.

«Nous n'avons pas le choix d'innover et de recourir à de nouveaux supports», dit Simon Beaudry, directeur artistique chez Bos.

«Les gens passent de moins en moins de temps devant la télévision, mais ils sont branchés presque 24 heures sur 24 sur leur téléphone cellulaire.»

«Et sur Internet. Il faut les suivre.»

C'est lors du dernier Mondial de soccer qu'on a vu les signes avant-coureurs de l'épidémie à venir.

Gillette a ainsi créé spécialement pour l'occasion un jeu vidéo où les internautes pouvaient mesurer leur talent aux tirs de pénalité pixelisés.

Adidas a de son côtépermis aux fans de foot de se voir jouer aux côtés des célèbres Platini et Zidane.

Pour goûter à ses 30 secondes de gloire virtuelle, il suffisait d'envoyer un clip vidéo de soi en pleine action.

Qui nous était ensuite renvoyé sur notre téléphone cellulaire, mixé avec les images du spot publicitaire officiel de la multinationale.

De spectateur passif, le consommateur devient ainsi partie prenante du message publicitaire. Héros de la pub, quoi.

«Il s'implique émotionnellement», remarque Pascal Beauchesne. Et le message n'en passe que mieux.

«C'est un effet de la téléréalité. Le consommateur veut interagir sur le message», observe Simon Beaudry.

La pub virale permet ainsi de joindre un public difficile d'accès, les jeunes, peu sensibles à l'arsenal déployé à la télévision et dans les journaux.

Mieux encore: on les attrape le cerveau en plein éveil.

«On est quatre fois plus concentrés au moment de jouer à un jeu vidéo, qu'au moment d'écouter la télévision», affirme Pascal Beauchesne.

La donnée n'est pas passée inaperçue des entreprises.

Selon le Wall Street Journal, les placements publicitaires dans les jeux vidéo connaissent une croissance fulgurante.

Cela devrait représenter 2,5 milliards de dollars par année d'ici 2010.

Mais la stratégie n'est pas sans risque, puisqu'elle repose presque entièrement sur les épaules des internautes.

S'ils aiment, la diffusion du message prend des proportions considérables. Sinon, c'est le four.

Autre danger de taille: la réaction allergique au virus.

Le consommateur peut répondre négativement s'il se sent attaqué par la publicité. S'il juge qu'elle s'infiltre là où elle ne devrait pas, remarque Patrick Beaudoin, publiciste.

D'ailleurs, Revolver 3 n'a pas utilisé le plein potentiel de sa pub virale «Pète ta raquette».

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