Google France a atteint sa taille critique, s'installe dans ses nouveaux bureaux face à l'Opéra et s'ouvre à la communication vers les médias. L'occasion de rencontrer son directeur général, Mats Carduner.

Google France a atteint sa taille critique, s'installe dans ses nouveaux bureaux face à l'Opéra et s'ouvre à la communication vers les médias. L'occasion de rencontrer son directeur général, Mats Carduner.

Google est né en 1995 sur le campus de l'université de Stanford. En mai 2000 s'ouvre Google.fr, et en mai 2002 est créé le bureau parisien et recruté le premier salarié basé en France. À peine plus de 4 ans plus tard, Google s'offre de nouveaux locaux en plein centre de Paris, spacieux et blancs à son image, pour loger sa centaine d'employés.

«Notre mission est de rassembler un maximum d'information et de la rendre accessible. Avec plus d'une centaine d'interfaces Google dans le monde, nous fournissons des réponses aux questions», rappelle Mats Carduner, directeur général de Google France.

Google étoffe sa représentation en France, quel est pour vous le potentiel du marché français ?

«Beaucoup d'initiatives proviennent des États-Unis, mais l'Europe est leader sur Google Mobile. Hors le mobile, le marché français n'a pas de particularité. C'est pourquoi nous misons sur nos partenariats. Il y a beaucoup de produits que nous lançons avec nos partenaires locaux.

Nos développements vont dans les directions de la simplicité et de l'utilité. Nos produits doivent être déployables à grande échelle. Il vaut mieux aller vite avec des produits différents.

C'est pareil sur le hardware (les serveurs de recherche signés Google), qui n'est pas si différent de nos technologies qui s'appuient sur notre maîtrise du hardware.

Et sur le Web 2.0, dont vous êtes un acteur incontournable ?

On y était déjà un petit peu dès l'origine, avec la démultiplication des points de contact entre les acteurs et la mise en relation sur des micro-niches.

Ce qui guide nos lancements, c'est le produit ingénieux et utile qui se concentre sur l'utilisateur. Le search (recherche) est le centre de tout. Et nous créons des produits dans cette perspective.

Au final, nous construisons notre marque et ses attributs, nous renforçons la confiance qui renvoie sur notre modèle publicitaire.

Le mot est lancé, la publicité reste votre principal modèle économique ?

C'est dans notre philosophie, mais surtout un socle solide. C'est le modèle AdWords et AdSence qui nous permet de lancer des offres gratuites.

Nous l'avons constaté ensuite sur les différents ateliers où étaient présentés les services proposés par Google, des livres aux images satellites en passant par la vidéo. Ces services sont lancés et séduisent, puis la publicité contextuelle fait son apparition et vient renforcer le modèle publicitaire du moteur.

Comment gérez-vous les environnements règlementaires dans lesquels vous évoluez ?

Nous sommes au centre de tout, des données personnelles, des droits d'auteur, du droit des marques. On essaye d'être en règle avec les règlementations et de nous adapter aux particularités régionales.

Avec les autorités, le débat est ouvert. C'est important, nous avons des équipes dédiées, nous exerçons bien sûr du lobby.

Le bruit est à la mesure de notre business. Les affaires sont peu nombreuses et leur volume est en baisse. (Google France dispose d'un service juridique de 4 personnes).

Et avec Google Livres ?

Nous avons péché par une communication qui n'a pas été optimum ! Il faut en particulier discerner les bibliothèques des éditeurs. D'ailleurs, nous travaillons surtout avec des petits éditeurs spécialisés, mais notre programme n'est pas destiné à lire en ligne.

L'objectif de Google Livres est de faire vivre les livres, de faire exister les petites collections, de donner un accès aux livres devenus introuvables.

Concernant le projet européen Quero, nous n'en sommes pas exclus et nous sommes présents dans les commissions. Nous rencontrons régulièrement le ministère de la Culture, la BNF, avec des propositions de partenariats. Il n'y a pas de jeu à somme nulle !

Sur la R&D, la France n'est-elle pas à la pointe dans certains domaines, sur la sémantique par exemple, ce qui pourrait intéresser Google ?

Ça a du sens. Notre PDG Eric Schmidt, qui vient de la recherche, l'a évoqué avec nous lors de son dernier passage. Nous envisageons une création en France, mais nous n'avons pas encore de planification.

Sur le vocal ? C'est très important et le vocal fait partie de notre axe de R&D. Nous avons des brevets mais nous ne faisons par encore d'annonce. C'est le cas aussi sur les images où nous travaillons sur différentes méthodes nouvelles d'indexation.

Comment réagissez-vous face à la fraude au clic ?

C'est propre au marché. Nous assistons à de nombreux comportements déviants. Le problème existe mais il ne déstabilise pas notre modèle qui reste fondamentalement sain.

Nos équipes sont entraînées pour tracker et poursuivre ces dérives. Et si le problème est constaté, on rembourse.

Et comment traitez-vous la pollution des sites qui n'ont d'autre but que de se rémunérer sur les liens publicitaires ?

Nous ne faisons jamais de compromis sur la recherche naturelle. Notre technologie évolue en permanence. Et nous faisons des changements réguliers sans état d'âme, même si nos annonceurs en sont victimes. C'est la chose sacrée de Google.

À ce titre, nos équipes travaillent sur la qualité d'affichage des pubs. Nous avons imposé la règle d'une seule publicité pour une url.

Comment réagissez-vous face à Microsoft ?

La pression concurrentielle augmente. D'après le discours de Steve Ballmer, Microsoft se réorganise autour du Web, qui devient le cœur de leur stratégie. Chez Google, nous conservons nos fondamentaux. On ne se défend pas par rapport à Microsoft.

Quelle est votre stratégie en France ?

La recherche et la publicité sont concomitantes. Elles maintiennent notre légitimité et nos parts de marchés.

Sur un plan commercial, nous cherchons à augmenter notre base d'annonceurs. Nous ne sommes qu'au début de l'histoire. Nous allons assister à des changements fondamentaux dans les habitudes des consommateurs.

Par ailleurs, le développement du marché des TPE représente un potentiel considérable. Enfin le partenariat est très caractérisé chez Google.

Concernant CheckOut, notre solution de paiement en ligne est réservée aux sites marchands. Elle est différente de PayPal (la solution concurrente d'eBay), car elle ne concerne que la zone labellisée Google tiers de confiance. Elle va accompagner le développement de l'e-commerce.