Jean-Sébastien Presseault, un Montréalais qui faisait la promotion du racisme et de la suprématie blanche sur le Web, a plaidé coupable, hier, à une accusation d'incitation publique à la haine. L'homme de 29 ans, qui arbore 26 tatouages à connotation raciste, dont les trois K du Ku Klux Klan dans le cou, est passible d'une peine de deux ans de prison.

Jean-Sébastien Presseault, un Montréalais qui faisait la promotion du racisme et de la suprématie blanche sur le Web, a plaidé coupable, hier, à une accusation d'incitation publique à la haine. L'homme de 29 ans, qui arbore 26 tatouages à connotation raciste, dont les trois K du Ku Klux Klan dans le cou, est passible d'une peine de deux ans de prison.

C'est dans le cadre d'une enquête de routine que la police est tombée sur le site de Presseault, en 2003. En fait, la police enquêtait à partir de matériel saisi dans la voiture d'un Américain, à qui on avait refusé l'entrée au Canada en raison de ses allégeances fascistes. De fil en aiguille, les policiers sont remontés jusqu'au site www.hatecore88wp.cjb.net, créé par Presseault. Hier, le policier Alain Alarie, spécialiste des crimes haineux à la Sûreté du Québec, a expliqué au juge Martin Vauclair que le site de Presseault regorgeait de littérature haineuse. L'accusé y faisait entre autres l'apologie de Hitler et de Timothy McVeigh, cet Américain de triste mémoire qui a été exécuté pour avoir fait sauter un édifice gouvernemental à Oklahoma City en 1995, ce qui avait causé la mort de 167 personnes. «McVeigh, ton combat contre ce système de merde n'est pas terminé», écrivait entre autres Presseault.

Alarie a aussi expliqué la signification de plusieurs symboles chers aux fascistes et que l'on retrouvait à différents endroits dans le site. Par exemple, le chiffre huit, qui revient souvent puisqu'en anglais eight sonne comme hate (haine). Le wp, que l'on retrouve dans le nom du site, est une abréviation pour white power (pouvoir blanc).

Dans le site, qui comptait une cinquantaine de pages, on trouvait une partie «humour», où les blagues se faisaient au détriment des Juifs et des Noirs, et une partie «Jeux», où les cibles à abattre étaient des Noirs. Presseault avait aussi organisé son site de façon à ce que l'utilisateur puisse télécharger de la musique à caractère haineux.

Quand les policiers ont perquisitionné chez l'accusé, ils ont trouvé différents articles propres au fascisme et à l'extrême droite, comme des drapeaux. Le policier Alarie a toutefois indiqué que l'enquête n'avait pas permis de relier Presseault à une organisation particulière.

L'avocat de l'accusé, Me Gilles Fontaine, a fait ressortir de son côté que le site de Presseault était hébergé aux États-Unis, où ce genre de discours est beaucoup plus courant et toléré, en raison de lois sur la libre expression plus permissives qu'au Canada.

La procureure de la Couronne Nadine Haviernick a indiqué hier que c'est la première fois qu'une accusation de propagande haineuse est portée par le bureau des procureurs de Montréal. Les représentations sur la peine à imposer à Presseault se tiendront le 16 novembre prochain. D'ici là, l'accusé devra se soumettre à une évaluation présentencielle, dans le but d'éclairer la cour sur sa personnalité. Presseault n'est cependant pas au bout de ses peines, puisqu'il est détenu dans d'autres dossiers, notamment pour une affaire de menaces de mort qu'il aurait proférées contre un juge. Il fait face aussi à des accusations de possession d'armes prohibées.