Le monde de l'Internet risque d'être bouleversé, d'ici cinq ans, par de nouvelles dispositions de sécurité que concocte notamment Microsoft et qui rendront l'identification des usagers du Net beaucoup plus facile. Les personnes qui font des gestes illégaux- consommation de porno par des mineurs, paris illégaux- seraient donc beaucoup plus faciles à repérer et, donc, à punir.

Le monde de l'Internet risque d'être bouleversé, d'ici cinq ans, par de nouvelles dispositions de sécurité que concocte notamment Microsoft et qui rendront l'identification des usagers du Net beaucoup plus facile. Les personnes qui font des gestes illégaux- consommation de porno par des mineurs, paris illégaux- seraient donc beaucoup plus faciles à repérer et, donc, à punir.

C'est ce que croit Lawrence Lessig, professeur émérite de droit à l'Université de Stanford, aux États-Unis, et auteur de trois bouquins sur la réglementation du Net. M. Lessig était invité par 600 exploitants de casinos virtuels, réunis en congrès à Montréal, à tracer les pistes d'avenir pour cette industrie multinationale qui réalise un chiffre d'affaires de 12 milliards de dollars. Disons que son message, très en faveur de la réglementation, n'a pas nécessairement plu à l'auditoire.

Car l'industrie du jeu sur Internet repose, en partie, sur des parieurs illégaux. Certains pays, comme le Canada, se limitent à interdire aux exploitants privés de mettre en ligne des jeux de hasard. Mais à d'autres endroits, les paris en ligne sont carrément illégaux. Or, l'industrie du jeu virtuel est assez peu regardante sur la provenance de ses joueurs. Elle récolte donc, dans plusieurs cas, des paris illicites. Et le jeu n'est pas la seule voie illicite fréquentée sur le Net: on n'a qu'à penser à la consommation de porno, théoriquement interdite pour les mineurs dans de nombreux pays, pourtant une pratique fréquente chez les adolescents de plus en plus jeunes.

Or, selon M. Lessig, les bonzes de chez Microsoft sont en train de concocter une réponse à cela, puisque le Net est devenu, ces dernières années, une sorte de far west virtuel. «Les pourriels, les virus et le terrorisme ont montré la face sombre de la toile», souligne M. Lessig.

Mais, malgré tout, «le Net n'a pas encore connu son 11 septembre. Si les vers ou les virus qui ont été envoyés massivement avaient été plus destructeurs, et rien n'indique qu'il ne pourraient pas l'être dans le futur, les effets auraient été catastrophiques», estime le professeur de droit.

C'est pourquoi Microsoft travaille à concevoir un processus sérieux d'identification des usagers que pourraient exiger les sites Internet. Le procédé préserverait l'identité du joueur, en ce sens qu'il ne donnerait, pour s'identifier, qu'un simple pseudonyme. Mais un fichier, liant ce pseudonyme à des information nominatives précises, serait conservé par Microsoft ou d'autres entreprises.

Ultimement, les gouvernements pourraient même légiférer pour obliger les sites à se doter de telles procédures qui permettraient, dans le cas de gestes possiblement illégaux, de retrouver un contrevenant. Ce nouveau processus transformerait Internet en une sorte de «fédération virtuelle», où les lois de chaque pays pourraient être respectées malgré le côté «sans frontières» de la toile virtuelle.

Plusieurs personnes de l'auditoire ont cependant émis de sérieuses réserves sur le caractère réaliste de ce projet.

«Il n'y aura jamais de moyen sûr à 100 % de certifier qui vous êtes. Si on va de l'avant avec un tel processus, il y aura un marché noir de certifications. Des gens emprunteront l'identité virtuelle d'une autre personne», a objecté un informaticien présent dans la salle.