Les plus éminents spécialistes de la lutte anti-terrorisme le savent depuis un moment. Les récentes investigations menées par le juge Juan Del Olmo mettent en exergue un inquiétant phénomène : l'émergence de groupes radicaux autonomes, ayant des dispositions particulières à utiliser Internet.

Les plus éminents spécialistes de la lutte anti-terrorisme le savent depuis un moment. Les récentes investigations menées par le juge Juan Del Olmo mettent en exergue un inquiétant phénomène : l'émergence de groupes radicaux autonomes, ayant des dispositions particulières à utiliser Internet.

L'attaque qui a tué 191 personnes à Madrid, en mars 2004, a été organisée et perpétrée par un groupe local de militants islamistes, inspiré directement par les méthodes d'Al-Qaida.

D'après les informations dévoilées ce matin dans la presse espagnole, (El Pais et El Mundo) les membres du commando madrilène se sont renseignés sur les méthodes terroristes par l'intermédiaire d'un site web ficelé pour cet usage par un groupe terroriste.

Dimanche, la presse britannique, s'est également fait l'écho de cette pratique. Dans un article de The Observer on peut lire : «les quatre terroristes qui se sont fait exploser dans les attaques suicides de juillet à Londres ne faisaient pas partie d'un quelconque réseau international, mais ils se sont formés sur des sites Internet dédiés à la préparation d'attentats: simple et pas cher».

Restent deux points inexpliqués. Pourquoi deux des terroristes de Londres ont voyagé plusieurs fois au Pakistan? et comment expliquer cette vidéo du chef du groupe de Londres Mohammed Sidique Khan, diffusée deux mois après les explosions? Une vidéo entrecoupée d'apparitions d'Ayman Al-Zawahri, le numéro deux d'Al-Qaeda. Rappelons que les attentats de Londres ont fait 52 victimes.

Après ces révélations du juge espagnol, il semble bien que les forces de police européennes vont devoir réviser leur définition de ce qui fait «un parfait militant terroriste» et s'intéresser de plus prés à de qui se passe sur la Toile.

Claude Moniquet, le patron de l'ESISC (European Strategic Intelligence and Security center) a indiqué à Reuters : «le problème est aussi européen, et il existe un vrai risque de voir des groupes formés par des personnes résidentes dans l'Union, opérer selon le même mode opératoire que les groupes de Madrid et Londres».

Il a également ajouté «la nature locale de cette menace la rend particulièrement difficile à localiser, d'autant que ces nouveaux terroristes connaissent parfaitement les pratiques de la police et des services de renseignements européens.»

On sait par exemple que certains terroristes communiquent via les boîtes mails en utilisant simplement l'option «brouillon». De cette façon, grâce à un nom d'adresse et un mot de passe commun, chaque membre d'un groupe d'action peut se tenir informé sans se faire identifier puisqu'aucun mail ne circule sur la Toile.

Le chef du contre-terrorisme européen Gijs de Vries a également déclaré lors d'une conférence à Berlin la semaine dernière : «Il est évident qu'Internet joue un rôle très important dans la radicalisation du mouvement et le recrutement de nouveaux membres. L'usage de cette technologie permet de simplifier la mise en place des attaques et permet une communication plus discrète.»

Pour Peter Clarke, un policier spécialiste du terrorisme a d'ailleurs indiqué à la presse qu'au moins une attaque entièrement planifiée via le net avait été déjouée l'an dernier. Il a également précisé que des personnes étrangères au mouvement terroriste pouvaient apprendre à organiser une attaque et confectionner des bombes grâce aux informations disponibles sur le web.