Les pays sont condamnés à mieux coopérer pour faire face aux différentes formes de criminalité, y compris le terrorisme, sur Internet, selon des experts réunis cette semaine à Doha pour une conférence organisée par l'Union internationale des télécommunications (UIT).

Les pays sont condamnés à mieux coopérer pour faire face aux différentes formes de criminalité, y compris le terrorisme, sur Internet, selon des experts réunis cette semaine à Doha pour une conférence organisée par l'Union internationale des télécommunications (UIT).

«Les pays réalisent que le problème est sérieux et qu'ils doivent travailler ensemble et mettre beaucoup de ressources» pour lutter contre la cybercriminalité et le cyberterrorisme, a déclaré à l'AFP Alexander Ntoko, chef de l'unité des cyberstratégies à l'UIT. Cette lutte «est insuffisante et il reste beaucoup à faire», a-t-il ajouté.

«Les technologies évoluent et les coûts d'utilisation du réseau baissent. Mais ils baissent pour tout le monde, y compris pour les cybercriminels», selon M. Ntoko.

Pour Solange Ghernaouti-Hélie, de l'université de Lausanne, en Suisse, «les techniques de l'Internet facilitent toute sorte d'infractions», citant notamment le vol, le sabotage d'informations et l'espionnage industriel.

«La criminalité, qu'elle soit organisée ou non, s'est largement appropriée les technologies de l'informatique, induisant des conséquences préjudiciables tant pour les personnes et les organisations que pour les États», estime-t-elle.

Le blanchiment d'argent se fait aussi en ligne pour des fonds générés par le trafic de drogue, la vente illégale d'armes, la corruption, le proxénétisme, la pédophilie ou la fraude fiscale, poursuit-elle.

«La dimension virtuelle de l'Internet peut, par son côté ludique, occulter --notamment pour un public jeune ou non initié à l'informatique-- la capacité de nuisance des attaques» électroniques, avertit M. Ghernaouti-Hélie.

«La tendance en matière de cybercriminalité est presque exponentielle, l'évolution très rapide des technologies et la diversité des moyens d'accéder au réseau entraînant une augmentation de la criminalité électronique», renchérit M. Ntoko.

Mais il est «difficile» d'obtenir des statistiques, car «la question de la sécurité est très sensible», souligne-t-il, précisant que «lorsqu'une banque est attaquée, il n'est pas dans son intérêt de l'annoncer».

La situation est «plus compliquée» lorsqu'il s'agit de cyberterrorisme, «un domaine très fermé pour des raisons de politique internes à chaque pays», selon lui.

Il a souligné, dans ce contexte, la difficulté de repérer le contenu de messages échangés entre des membres d'un groupe terroriste, par exemple le réseau Al-Qaïda d'Oussama ben Laden, dans la masse des messages, y compris le spam, diffusés chaque jour sur le réseau.

Selon un expert international, qui a requis l'anonymat, le spam représente jusqu'à 60% du trafic total des messages électroniques échangés actuellement sur la Toile. Ce taux était de 54% fin 2003.

En conséquence, a expliqué M. Ntoko, l'ensemble des pays «doivent convenir des moyens de lutter ensemble pour essayer de réduire» la cybercriminalité, en sécurisant les technologies informatiques et en harmonisant leurs législations.

La cybersécurité, l'un des vecteurs d'une coopération multilatérale que l'UIT cherche à mettre en oeuvre, doit s'articuler notamment autour de l'authentification des usagers, la confidentialité des opérations, l'intégrité des données, selon des participants à la conférence de Doha.

«La solution consiste aussi à ne plus offrir de messageries gratuites pour faire payer les internautes (...) et à faire preuve de fermeté dans la surveillance du réseau», a recommandé un expert français présent à Doha, qui a requis l'anonymat.