Tricheries, mauvaises intentions, abus. Existe-t-il en ce bas monde la moindre institution, le moindre projet social qui ne soit pas confronté à l'une ou l'autre de ces déplorables machinations? Les communautés virtuelles des jeux massivement multijoueurs sont vues comme des mondes de rêves, mais elles souffrent malheureusement, elles aussi, de leurs pucerons et de leurs cancers.

Tricheries, mauvaises intentions, abus. Existe-t-il en ce bas monde la moindre institution, le moindre projet social qui ne soit pas confronté à l'une ou l'autre de ces déplorables machinations? Les communautés virtuelles des jeux massivement multijoueurs sont vues comme des mondes de rêves, mais elles souffrent malheureusement, elles aussi, de leurs pucerons et de leurs cancers.

«C'est un grand défi que d'opérer un jeu massivement multijoueurs», admet Jean-François Gagnon, président et fondateur de LVL Studio, un développeur montréalais qui se spécialise dans la création de jeux en ligne inspirés de produits télévisuels.

LVL Studio a déjà créé plusieurs jeux massivement multijoueurs, destinés plus particulièrement aux adolescents, parmi lesquels Sapiens, LNB (inspiré de l'émission de télévision Banzaï) et A3 (inspiré de l'émission Anormal).

Jean-François Gagnon se dit très concerné par les responsabilités auxquelles font face les développeurs de jeux en ligne. «Quand tu développes des jeux pour les moins de 18 ans qui permettent notamment aux participants de communiquer entre eux, il est impératif d'être en mesure de garder un contrôle sur ce qui se dit en temps réel, d'identifier les gens qui ont des comportements déviants et de les rapporter.»

Parmi ces risques, les plus communs seraient, selon Jean-François Gagnon, les cas de pédophilie en ligne. «Il s'agit d'un chat 'système de clavardage', explique-t-il, n'importe qui peut donc se créer un personnage, et les prédateurs sexuels peuvent tenter de fixer des rendez-vous. Il faut donc être prévoyant. Il faut que ces chats soient modérés.«

Il estime qu'un modérateur est nécessaire pour environ cinquante utilisateurs. Des gens formés qui, concrètement, liront tout ce qui se dit dans les espaces de clavardage. «Chez LVL Studio, par exemple, ont engagent des étudiants en première et deuxième année du baccalauréat en psychologie, explique Jean-François Gagnon. Ça leur fait un mini stage informel et ça les expose à la vie virtuelle.»

Il est également possible de mettre au point des technologies, des filtres permettant de faire ressortir certains termes, certaines expressions de façon à identifier automatiquement les comportements à risques. Mais cette solution n'est pas sans failles puisque, selon Jean-François Gagnon, «il y aura toujours des technologies pour défaire ce que tu as fait».

Tricheries et injustices

Un autre aspect de la sécurité des jeux en ligne doit également être pris en compte par les développeurs : les failles du système qui permettent à certains filous d'exploiter, à leur avantage, un maillon faible du jeu. La communauté de joueurs a choisi le terme anglais exploits pour identifier ces comportements anti-sportifs.

«Il arrive que des joueurs trouvent des petits bogues dans le jeu et se mettent à exploiter ça au maximum», soutient Nicolas Pajot, fondateur de Gameloft. Ces abus ont pour effet de briser l'équilibre du jeu, l'essence même d'une société virtuelle où tout le monde a droit à une chance égale de devenir un grand héros.

Pour l'instant, il n'existe pas de solution idéale pour contrer ce type d'abus. «Il faut concevoir des moyens de sanctionner les utilisateurs fautifs, estime Nicolas Pajot. Les éditeurs ont tendance à retirer complètement du jeu les fonctions susceptibles d'être exploitées, mais ça revient à pénaliser tous les joueurs pour les abus d'une minorité».

«Nous devons gérer de véritables portes d'accès à des mondes virtuels, conclue Jean-François Gagnon. Aujourd'hui, les développeurs ont tendance à dire simplement ,le jeu est là, amusez-vous, faites-en ce que vous voulez'. On en est encore au stade d'expérimentation, mais il va y avoir des abus, il va y avoir des drames. Il faut y voir.»