Un cyberdissident vietnamien condamné à 12 ans de prison en 2002 pour «espionnage» a lui-même annoncé jeudi avoir été libéré au tiers de sa peine pour bonne conduite, à l'occasion d'une amnistie accordée pour le nouvel an lunaire traditionnel.

Un cyberdissident vietnamien condamné à 12 ans de prison en 2002 pour «espionnage» a lui-même annoncé jeudi avoir été libéré au tiers de sa peine pour bonne conduite, à l'occasion d'une amnistie accordée pour le nouvel an lunaire traditionnel.

«C'est bien d'être libéré, mais je dois rester en résidence surveillée pendant trois ans», a expliqué au téléphone à l'AFP Nguyen Khac Toan, 50 ans.

Cet ancien officier de l'armée nord-vietnamienne avait été condamné en décembre 2002 à l'issue d'un procès d'une journée à peine à Hanoï, onze mois après son arrestation dans un café internet de la capitale.

Selon l'organe du Parti communiste Nhan Dan à l'époque, le dissident avait «calomnié et dénigré les cadres du Parti et de l'Etat, en envoyant des lettres électroniques et en fournissant des informations à certains Vietnamiens réactionnaires exilés en France».

«Après quatre ans en prison, je me sens très faible physiquement parce que la prison, c'est l'enfer», a-t-il déclaré. «Nous devions travailler, il y avait beaucoup de prisonniers et je devais suivre des règles très dures».

Plusieurs autres dissidents ont été emprisonnés au Vietnam ces dernières années après avoir utilisé internet pour exprimer leur désaccord avec le régime communiste, qui ne tolère aucune contestation.

«Je faisais partie d'un mouvement demandant une démocratie modérée pour réformer le système vietnamien d'un socialisme dogmatique vers une société plus ouverte et le multipartisme», a-t-il expliqué.

Il a rappelé qu'il était lié notamment avec feu le dissident Tran Do, ainsi qu'avec Hoang Minh Chinh, militant âgé de 83 ans récemment objet de harcèlements après être revenu de voyage des États-Unis.

«Je devais imprimer un livre réunissant des articles appelant à des réformes démocratiques», qui a été envoyé aux plus hauts responsables du Parti communiste vietnamien (PCV) et du gouvernement, a indiqué Toan.

Il y a quelques années, sa mère s'était elle-même attirée les foudres des autorités en signant avec d'autres familles de dissidents une lettre réclamant le respect des droits de l'homme dans le pays.

Toan a précisé avoir été enfermé dans une cellule plus de 14 heures par jour avec 65 autres prisonniers en tressant du bambou pour l'exportation. Il s'est plaint de douleurs à la colonne vertébrale et de problèmes de pression sanguine.

Hanoï avait l'an passé libéré plusieurs prisonniers politiques. Mais les diplomates étrangers n'ont cette fois pas été informés au préalable.