Si l'éternelle vigilance est le prix de la liberté, comme l'avait dit un combattant pour l'abolition de l'esclavage, il semblerait qu'elle soit aussi le prix du raccordement à l'Internet.

Si l'éternelle vigilance est le prix de la liberté, comme l'avait dit un combattant pour l'abolition de l'esclavage, il semblerait qu'elle soit aussi le prix du raccordement à l'Internet.

Les experts combattant les menaces du cyberespace y ont observé un changement fondamental au cours de la dernière année, tant au chapitre du type d'attaques visant à détruire des réseaux que dans les desseins désormais plus lucratifs des pirates informatiques.

«Les crimes commis pour de l'argent sont maintenant perpétrés sur Internet», note Vincent Weafer, directeur de la mise au point de la sécurité chez Symantec à Los Angeles, qui fabrique notamment les produits anti-virus Norton.

De quoi devenir nostalgique de l'époque où les accros du Net effaçaient des disques durs simplement pour le plaisir.

Aujourd'hui, les voleurs rôdent dans le cyberespace armés d'outils capables de soutirer des informations confidentielles des ordinateurs non-protégés.

En 2004, Symantec a enregistré 37 alertes au virus majeures. Au mois de novembre 2005, moins de cinq avaient été enregistrées, donnant ainsi un sentiment de fausse sécurité aux internautes.

«Mais c'est justement le contraire. La situation a empiré en terme de volume», a indiqué M. Weafer.

La société a rapporté une augmentation de 140 pour cent des attaques malveillantes, un redoublement des tentatives d'appâtage ü des courriels semblant provenir d'entreprises légitimes et reconnues demandant des informations confidentiellesü, et une hausse de 800 pour cent de l'activité des réseaux de robots (bot net), utilisés pour inonder le web de pourriels.

«Des internautes malveillants essaient maintenant de piéger les gens en les amenant à divulguer leur numéro de carte de guichet ou de crédit et de l'information personnelle», signale John Wigelt, conseiller en chef de la sécurité chez Microsoft Canada.

Alors que les défenses se sont renforcées à l'égard des menaces désormais mieux connues, les cyber criminels ont pour leur part déménagé dans des zones plus vulnérables.

Vincent Weafer a remarqué que la menace des logiciels malveillants attaquant ceux de messagerie instantanée croît aussi rapidement que celle des courriels.

Les assistants numériques reliés à l'Internet, comme des agendas de poche, les téléphones cellulaires et les Blackberries seront de plus en plus ciblés par les attaques des cyber-criminels.

La menace pourrait aussi s'étendre aux dispositifs commerciaux tels les machines distributrices, les pompes à essence et les guichets automatiques.

Les fournisseurs de services Internet canadiens offrent maintenant tous en amont une sécurité pour protéger les usagers des courriels et des sites suspects.

Mais M. Weafer soutient que ce n'est pas une panacée et que cela ne dégage pas l'individu de toute responsabilité en ce qui a trait à la protection de son ordinateur.

Malgré tout, les experts sont d'avis que les meilleures protections contre les criminels du cyberespace demeurent les mêmes.

«Si vous prenez des précautions raisonnables, en utilisant des protections à couches multiples, en procédant régulièrement à des mises à jour de la sécurité et en installant les «patch», honnêtement, ça va vous protéger contre les attaques les plus courantes», souligne Vincent Weafer.