Le marché des applications web et mobiles ne dérougit pas. Alors que la valeur de ce créneau émergeant est appelée à quadrupler dans le monde d'ici 2015, pour atteindre 25 milliards de dollars, le nombre de plateformes sur lesquelles ces applications peuvent fonctionner se multiplie également. Au grand bonheur des concepteurs.

Naturellement, ils sont les premiers à bénéficier de cette diversification des plateformes, qui vont du système iOS, d'Apple, à la prochaine génération de Windows et de Windows Phone, de Microsoft, en passant par l'incontournable Android, de Google. Même Facebook a lancé sa propre boutique d'applications web et mobiles au Canada, la semaine dernière.

Durant l'accalmie précédant l'éventuel lancement automnal d'un nouvel iPhone par Apple, possiblement doté d'une puce NFC prête pour le paiement mobile, le Play Store de Google suscite le plus d'intérêt. Une autre version encore, surnommée Jelly Bean, verra le jour en même temps que la tablette Nexus 7, attendue à la fin du mois de juillet au Canada. En simplifiant la gestion des graphiques et en ajoutant des fonctions aux «widgets» qui peuplent l'écran d'accueil de ses appareils, Jelly Bean corrige deux irritants majeurs pour plusieurs concepteurs.

Ça en fait presque oublier la très grande fragmentation du marché Android. Plusieurs appareils animés par ce système, et pas que les plus âgés, ne sont pas compatibles avec les mises à niveau les plus récentes d'Android, ce qui cause bien des maux de tête aux créateurs d'applications.

«On assiste tout de même à une diversification des plateformes, constate Martin Dufort, cofondateur de WhereCloud, qui produit des applications pour divers clients montréalais, notamment. La plupart des entreprises qui désiraient posséder leur propre application en ont déjà une sur iOS, et là, ils tentent d'élargir leur marché en la déclinant pour une deuxième plateforme, qui est généralement Android, ou vice versa.»

À l'instar d'Apple et de Google, Microsoft aimerait voir Windows Phone 8 s'ajouter à cette courte liste d'incontournables. Malgré des améliorations techniques notables prévues cet automne (compatibilité avec des processeurs multicoeurs ainsi qu'avec la technologie NFC), elle laisse encore les concepteurs mi-figue, mi-raisin, selon M. Dufort.

«La mise à jour vers Windows Phone 8 est impossible pour les appareils présentement sur le marché. On attend de voir comment Microsoft va s'en sortir avant d'attaquer ce marché-là.»

Pas pour tout le monde

La multiplication des types d'appareils mobiles remet au goût du jour la création d'applications web utilisant un langage universel. À cet effet, le langage HTML 5 était annoncé, il y a deux ans, comme le précurseur de cette tendance à la création d'applications universelles.

Ça ne s'est pas encore produit, même si les sites mobiles demeurent un outil incontournable pour un grand nombre d'entreprises, observe Antoine Azar, fondateur de 2XM Interactive, une société spécialisée dans les applications interactives en tout genre.

«Le HTML 5 n'offre pas la qualité de finition d'une application native, mais il ne faut pas abandonner le mobile pour autant. Le premier réflexe de bien des propriétaires d'un téléphone intelligent cherchant une entreprise est d'entrer son nom dans Google.»

Un site web adapté au mobile est parfois plus important qu'une application mobile pour attirer les clients. Une fois cette clientèle acquise, par contre, une application native peut s'avérer un bon outil pour l'inciter à revenir, conclut l'entrepreneur montréalais. «L'idée n'est pas de se lancer sur toutes les plateformes, mais d'avoir une variété d'outils disponibles afin de cibler parfaitement les besoins de nos clients», conclut M. Azar.