Apple a cessé au niveau mondial la commercialisation de son application« Juif ou pas juif?» en début de semaine, a affirmé jeudi l'avocat de quatre associations anti-racistes, lesquelles se sont du coup désistées de leur action en justice en France contre le géant américain.

Interrogés jeudi matin par l'AFP, les représentants d'Apple en France, n'étaient pas immédiatement en mesure de confirmer cette information.

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF), J'accuse, SOS Racisme et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) avaient assigné Apple devant le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris pour obtenir qu'il renonce à commercialiser cette application au niveau mondial.

Le 14 septembre, le groupe avait annoncé le retrait de la vente en France de cette application qui faisait scandale. Le 18 octobre, il avait étendu ce retrait à toute l'Europe. Mais l'application, qui offrait une liste de 3500 personnalités d'origine ou de religion juive, restait disponible ailleurs dans le monde.

«Listées pour vous, des milliers de personnalités juives (de par leur mère), à "moitié juives" (de par leur père), ou converties», promettait l'ingénieur et inventeur de l'application, Johann Levy, sur le site Apple Store.

Ce désistement des quatre associations est «motivé par le retrait de l'application de l'ensemble des pays du monde, ce qui satisfait nos demandes», a expliqué jeudi Me Stéphane Lilti devant la juge Magali Bouvier. «Elle n'est plus disponible nulle part. Votre saisine a eu des effets bénéfiques.»

Selon l'avocat, c'est Johann Levy qui est à l'origine de cette décision de retrait, face à la polémique suscitée par son invention.

«Je suis satisfait que M. Levy ait été saisi d'un tardif repentir et ait pris la sage décision de retirer l'application», a réagi Me Lilti, au nom des quatre associations.

Ce désistement n'est pas le premier. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a en effet déjà renoncé à un recours en justice. Cette décision doit être actée en fin de matinée par la présidente Bouvier.

La Licra avait assigné la firme à la pomme afin qu'elle désinstalle l'application chez ceux qui l'avaient déjà achetée et téléchargée.

La question de l'antisémitisme avait été au coeur de l'audience du 17 novembre opposant la Licra à Apple: «Où est l'antisémitisme dans ce dossier?», avait plaidé l'avocate d'Apple, Me Catherine Muyl, assurant ne pas être «ici dans un dossier de discrimination». Au contraire, avait-elle dit, «quand Johann Levy a conçu son application, il a craint qu'elle ne soit perçue comme trop "pro-juive"!»

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) «se félicite du retrait de cette application et lance la cellule de veille "Watch' App"», a-t-elle indiqué jeudi dans un communiqué. «Cette cellule de veille sera chargée de pointer les applications susceptibles de diffuser des préjugés racistes ou antisémites afin qu'elles soient retirées» explique l'UEJF.