Avec des autoroutes qui datent de l'époque des premiers Jeux olympiques de Tokyo en 1964, le Japon est confronté à un vieillissement de ses infrastructures : dieu merci, des technologies de pointe façon « Street view » ou des drones allègent la tâche titanesque d'inspection.

Une voiture surmontée d'un caisson enfermant plusieurs radars laser et caméras parcourt les routes pour en saisir des images d'une précision telle que la moindre anomalie (sur un pilier, sous une autoroute aérienne coincée entre rues normales et voies de chemin de fer, etc.) peut y être détectée grâce à un logiciel spécial de traitement d'images.

À la façon des équipes de Google qui sillonnent les routes de la planète pour réaliser les vidéos du service Street View, les véhicules de la société d'autoroutes Metropolitan Expressway parcourent les 320 kilomètres de voies rapides de Tokyo pour tout capter. Sont ensuite reconstituées des scènes en trois dimensions (3D) dans lesquelles il est possible de se mouvoir à loisir pour en inspecter tous les recoins, tout comme le fait un médecin avec les images découlant du scanneur du crâne d'un patient.

Dans le cas présent, le gain de temps et de main-d'oeuvre est prodigieux et déjà le système intéresse au-delà du Japon, en Thaïlande par exemple où il est en test.

La vétusté est d'autant plus problématique que les infrastructures de plus de 50 ans sont de plus en plus nombreuses. « Nous réfléchissons à la façon la plus rationnelle de les entretenir », explique Masakatsu Takano, un responsable de la maintenance de Metropolitan Expressway.

Et le même d'ajouter qu'un goulot d'étranglement est en train de se former au Japon : « le nombre de problèmes potentiels sur les infrastructures va croissant et la tâche s'alourdit », tandis que pour des raisons démographiques (dénatalité qui perdure) « le nombre de bras disponibles, lui, se réduit ». Les préparatifs des prochains Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, absorbent la source déjà bien tarie d'ouvriers du bâtiment.

Dans le secteur de la construction, il y avait l'an passé en moyenne 332 offres d'emploi pour 100 demandeurs, selon les chiffres du gouvernement.

Drones et intelligence artificielle

Avec le dispositif appelé « Infra Doctor », développé conjointement par quatre entreprises, un homme seul devant un écran de PC dans un bureau en remplace plusieurs obligés d'aller sur place pour parcourir, toucher, écouter la résonance de chaque pilier, chaque paroi. Ce travail de terrain ne peut en outre souvent être effectué qu'en horaires nocturnes de moindre circulation.

« Dans les lieux les plus difficiles d'accès, on n'arrive pas à inspecter plus de 30 à 40 mètres de voies en une nuit, et au mieux 100 mètres dans les portions les plus aisées », assure Hisashi Sato, responsable de la société de maintenance Shutoko Engineering.

Bien sûr, il est parfois encore nécessaire de se déplacer, mais Infra Doctor dégrossit énormément la tâche en montrant les changements apparus. Les données 3D recueillies sont en effet combinées avec les historiques de maintenance et diverses informations.

D'autres technologies sont en cours de développement avec un objectif similaire, pour le contrôle d'édifices de différentes natures.

Toshiba et Alpine Electronics ont ainsi conçu un drone inspecteur : « nous avons décidé de nous concentrer sur la surveillance des installations électriques, car nous avons des relations étroites avec les exploitants de réseaux », explique Koji Matsuda, chargé de ce projet chez Toshiba, dans un communiqué.

Sur un terrain très accidenté comme l'est le Japon, dépêcher des hommes près de lignes à haute tension sur les flancs de montagnes couvertes de forêt est chronophage et dangereux.

« Nous exploitons des technologies d'imagerie associées à l'intelligence artificielle pour la détection automatique des dommages des piliers en acier et câbles électriques. Nous cherchons aussi à utiliser la reconnaissance vocale pour rendre les opérations de maintenance plus efficaces », ajoute Keisuke Sanda, un autre membre de l'équipe de développement.

Quant à Fujitsu, il a aussi recours à un drone pour aller regarder de près les ponts, notamment les parties latérales et inférieures les plus difficilement accessibles.