Le pape François, en visite vendredi pour la première fois dans une université publique de Rome, a recommandé aux jeunes de cesser de parler avec leurs portables lorsqu'ils mangent en famille, expliquant que le dialogue constituait l'antidote à la violence.

«Quand on est à table, qu'on parle avec un autre sur son téléphone, c'est le début de la guerre car il n'y a pas de dialogue!», a lancé le pape, en improvisant un discours de trois quarts d'heure devant un auditoire attentif et enthousiaste de l'université «Roma Tre».

«Tant de fois, nous oublions à la maison de dire bonjour, on dit «ciao ciao», ces saluts anonymes», a déploré le pontife argentin, en constatant en outre que dans la rue la normalité est de «s'insulter» avec des inconnus.

«Nous avons besoin de baisser un peu le ton, parler moins et écouter plus», a-t-il préconisé, notant que «le dialogue qui rapproche les coeurs» constitue «un médicament contre la violence».

«Le même phénomène s'observe tant de fois durant les campagnes électorales: avant que l'autre ne finisse de parler, la réponse arrive déjà!», a poursuivi le pape argentin.

«Quand je ne suis pas capable de m'ouvrir aux autres, de respecter les autres, de dialoguer avec les autres, la guerre commence», a-t-il insisté. Pour lui, l'université est d'ailleurs l'endroit par excellence pour «dialoguer», «faire un chemin ensemble, sans crier, sans insulter, chercher la vérité, la bonté et la beauté».

Le pape François a aussi critiqué devant les étudiants «une économie liquide», basée davantage sur des transactions virtuelles que sur des emplois réels.

«Les jeunes ne peuvent pas travailler, ils ne savent pas quoi faire», a-t-il constaté, en décrivant les «terribles» conséquences du chômage: dépendances, suicides, voir le passage à un acte terroriste «pour faire quelque chose qui donne un sens à ma vie».

Accompagnée d'applaudissements et d'un chaleureux bain de foule, cette visite a tranché avec celle que Benoît XVI avait dû annuler en janvier 2008 à l'université La Sapienza de Rome, en raison de la contestation de 67 enseignants et de petits groupes d'étudiants anticléricaux.

La contestation était née parmi les enseignants du département de physique qui jugeaient la décision d'inviter le pape «incongrue», au nom de la laïcité. La classe politique italienne dans sa quasi-totalité avait apporté son soutien au pape et condamné «l'intolérance» des contestataires.