Apple continue de refuser d'aider la police américaine à accéder au contenu d'un iPhone dans une affaire de trafic de drogue à New York, où il a réaffirmé vendredi que le gouvernement n'avait pas apporté de preuve suffisante que son assistance était absolument nécessaire.

« Le gouvernement cherche à obliger Apple à prendre possession d'un iPhone et à casser ses fonctions de sécurité sans montrer le besoin d'une assistance d'Apple », indique un document transmis vendredi par les avocats du groupe américain à un tribunal de Brooklyn.

Ce document détaille les arguments du groupe pour faire rejeter un recours déposé par le gouvernement contre une décision rendue plus tôt cette année par un premier juge new-yorkais : ce dernier avait refusé fin février d'obliger par une injonction judiciaire Apple à extraire les données d'un iPhone appartenant à un membre d'un réseau de trafic de drogue, mais le ministère de la Justice a fait appel.

« Le gouvernement n'a pas montré qu'il avait épuisé les moyens alternatifs pour extraire des données de l'iPhone dont il est question », indique le document judiciaire.

Il ajoute que la nécessité de cette aide est d'autant moins évidente que, dans une affaire similaire et très médiatisée en Californie, les autorités avaient commencé par affirmer n'avoir pas d'autre choix que de demander l'aide d'Apple pour débloquer l'iPhone d'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, pour annoncer quelques semaines plus tard l'abandon de la procédure car le téléphone avait pu être débloqué avec l'aide d'une tierce partie.

Apple met également en avant « la valeur probablement minimale en termes de preuves des données sur le téléphone », dans la mesure où son propriétaire a plaidé coupable et que le téléphone n'a plus été utilisé depuis sa saisie par la police il y a près de deux ans.

Et il réaffirme que le gouvernement utilise une interprétation « incorrecte » de la loi pour tenter en réalité de créer un précédent judiciaire qui permettrait d'élargir l'accès dont les forces de l'ordre pourront bénéficier à l'avenir.

Les affaires de New York et San Bernardino font partie d'une série de procédures du même type en cours devant la justice américaine, et posant la question de savoir si Apple ou d'autres groupes technologiques doivent aider les enquêteurs à casser les protections toujours plus poussées de leurs produits : dans de nombreux cas, les entreprises ne gardent pas de clé de décryptage, faisant de l'utilisateur d'un appareil ou d'un service la seule personne capable d'accéder à son contenu.

Deux parlementaires américains ont toutefois dévoilé mercredi un projet de loi qui pourrait permettre aux autorités de forcer les groupes technologiques à apporter leur assistance, provoquant un tollé chez les défenseurs des libertés civiles et de la protection des données privées.