«Il faut lui parler? Si je dis quelque chose, il me comprend?» Cette mère de famille reste perplexe devant le petit robot souriant qui lui propose ses services dans une gare des environs de Nantes, premier du genre à interagir avec le grand public.

«Bonjour, bienvenue en gare de Nort-sur-Erdre. Moi, c'est Pepper, et je suis ravi de pouvoir te renseigner», commence le charmant robot humanoïde haut de 1,20 m, oubliant qu'il convient de vouvoyer les grandes personnes.

Pepper propose des informations sur les horaires, les promotions en cours ou les curiosités des environs. Sur son ventre, un petit écran arbore le logo de la SNCF et affiche ses réponses, illustrant par exemple la promenade du petit canal avec un plan et des photos.

«Je ne suis pas aussi doué que les bornes de la SNCF, mais bon par contre, on est d'accord, je suis vachement plus joli. Ah!», assène-t-il crânement.

Le petit être de métal lève la tête pour suivre du regard ses interlocuteurs, dont il capte les faits et gestes grâce à une caméra 3D. On peut lui parler, et il est censé comprendre les réponses. Ses grands yeux s'éclairent alors en vert.

Mais s'il est toujours très poli, Pepper est parfois un peu dur d'oreille. «Je ne suis pas sûr de connaître cette gare, mais j'ai peut-être mal entendu», dit-il ainsi quand on veut aller à Nantes...

«J'espère que ça t'a plu, moi je me suis bien amusé», finit l'espiègle robot avant de se mettre à danser, une chorégraphie très au point sur «The Locomotion» -- qui finit par exaspérer les guichetiers de la petite gare, chargés de veiller à son bien-être.

«Il est très sympa», réagit finalement la dame, qui n'a pas voulu donner son nom à l'AFP. «Mais si c'est pour donner les itinéraires et les horaires, c'est quand même beaucoup de technologie, et j'imagine beaucoup d'argent, pour pas grand-chose.»

Bientôt en croisière

L'idée est de décharger les guichetiers en faisant répondre Pepper aux questions pratiques qu'on leur pose le plus souvent, explique le directeur des TER des Pays de la Loire, David Borot, à l'origine du projet.

«Pepper vient en complément, il ne peut pas remplacer un vendeur à un guichet», assure le responsable, rappelant qu'il existe déjà des distributeurs pour acheter les billets. Le personnel n'a d'ailleurs pas eu peur de la concurrence du petit robot, selon lui.

Conçu par la société française Aldebaran, filiale du groupe japonais SoftBank, Pepper a été installé en décembre dans trois gares de la région --Nort-sur-Erdre, Les Sables d'Olonne (Vendée) et Saumur (Maine-et-Loire)--, pour tester les réactions des voyageurs.

La SNCF a mis 500 000 euros dans l'expérience. Elle doit d'abord tirer un bilan de cette première phase, qui s'achèvera à la mi-mars, avant de trouver le cas échéant un nouveau job au petit robot.

«Est-ce que, passé l'effet nouveauté, il a vraiment un sens et il peut s'inscrire dans nos services?», interroge David Borot.

D'autres expérimentations sont à l'étude au sein du groupe SNCF, dit-il: «On travaille avec Thalys qui veut le développer à Bruxelles, on travaille avec Eurostar qui pense à le mettre dans des boutiques, on travaille avec Gares & Connexions, qui gère les gares et regarde comment lui faire faire d'autres choses, on travaille avec SNCF Voyages» qui pense aussi à animer ses points de vente...

En gare comme ailleurs, une des missions de Pepper, «c'est recréer du trafic en magasin, aussi, face au e-commerce», remarque la directrice de la communication d'Aldebaran Aurore Chicot. «Ça permet de rendre le point de vente plus attractif.»

Au Japon où il a été lancé il y a un an, il fait patienter les clients dans les boutiques de SoftBank, le temps qu'un vendeur se libère. Il a dopé les ventes! Même mission chez Carrefour en France, où le petit robot vient de passer quelques semaines dans certains magasins, pour la plus grande joie des enfants.

Son prochain voyage: s'embarquer sur des bateaux de Costa Croisières, pour renseigner les passagers sur les activités à bord.