Un géant comme Microsoft, mais aussi des start-up, ont donné à la conférence TED de Vancouver un aperçu d'un avenir où les écrans seraient rendus dépassés par la réalité augmentée ou virtuelle.

Alex Kipman, inventeur chez Microsoft, a notamment chaussé les lunettes HoloLens, que son équipe prépare pour une mise sur le marché, afin de faire apparaître sous forme d'hologrammes des paysages magiques, des tableaux de données, et même des interlocuteurs avec lesquels il a tenu des conversations.

HoloLens est un prototype dont Microsoft avait dévoilé la première mouture l'an dernier et qui n'a pas besoin d'être connecté à un téléphone intelligent ou un ordinateur classique pour fonctionner. Ces lunettes font partie des appareils dits de réalité augmentée, qui laissent voir le monde réel mais en l'enrichissant avec des éléments virtuels.

Pour Alex Kipman, ce type d'appareil représente une nouvelle étape dans l'évolution de l'informatique, qui conduira à faire oublier les écrans et les claviers d'aujourd'hui.

«Je parle de nous libérer des limites bidimensionnelles de l'informatique traditionnelle», a-t-il indiqué. «Nous sommes comme les hommes des cavernes en termes informatiques; nous avons à peine découvert le charbon et commencé à dessiner des bonshommes en bâtons dans notre caverne.»

Marcher sur la Lune 

Tandis qu'une caméra montrait au public ce qu'il voyait dans ses lunettes, Alex Kipman a transformé l'espace autour de lui en grotte ou en surface lunaire, montré comment les HoloLens pourraient rendre les téléviseurs inutiles en faisant apparaître un écran virtuel dans les airs, ou encore démarré une téléconférence vidéo avec sa famille aux États-Unis.

Il a aussi fait apparaître sous forme d'hologramme un scientifique de la Nasa, Jeff Norris, qui a expliqué comment la réalité virtuelle permettait de «marcher dans un paysage comme si on était vraiment là». La Nasa a un projet utilisant les HoloLens pour transporter virtuellement ses scientifiques sur Mars.

Microsoft propose pour l'instant des kits HoloLens à des développeurs pour 3000 dollars, mais ne dit pas quand et à quel prix l'appareil sera mis sur le marché.

Alex Kipman a indiqué à l'AFP vouloir s'assurer d'avoir dès le départ un riche éventail d'applications, de jeux et d'autres services disponibles, car «on n'a qu'une seule chance de faire une bonne première impression».

«Être penchés sur des téléphones et des ordinateurs, c'est la mauvaise méthode», affirme aussi Meron Gribetz, patron de la start-up Meta qui présentait elle aussi à Vancouver des lunettes de réalité augmentée, avec des démonstrations qui ne désemplissaient pas.

«Dans les quelques prochaines années, l'humanité va connaître une transition. Nous allons commencer à rajouter une couche d'informations supplémentaire sur le monde», prédit-il.

D'après lui, d'ici cinq ans, les appareils de réalité virtuelle devraient être réduits à de simples bandes de verre devant les yeux des gens.

«Un cinéma futuriste»

Meta n'a dévoilé ni quand ni à quel prix elle comptait commercialiser son appareil qui, contrairement aux HoloLens, se connecte à un ordinateur. Mais un décompte sur le site internet de l'entreprise affirme que «la révolution commence» dans moins de deux semaines.

La réalité augmentée vient rivaliser avec la réalité virtuelle, qui va encore plus loin en transportant complètement l'utilisateur dans un environnement imaginaire et suscite un énorme intérêt, de Facebook (Oculus) à Sony en passant par Google et Apple. Ses applications envisagées commencent par les jeux vidéo, mais pourraient s'étendre à l'éducation, la médecine, le commerce, la pornographie...

La start-up The Void a notamment fait une démonstration remarquée à Vancouver, avec un équipement de réalité virtuelle transportant l'utilisateur dans un temple rappelant une scène d'Indiana Jones.

Le dispositif proposé aux aventuriers virtuels prêts à faire face à un dieu crachant du feu ou un serpent géant combinait un casque de réalité virtuelle et une veste «haptique», utilisant le son et les vibrations pour rendre l'expérience encore plus réaliste.

La visite du temple était en outre chorégraphiée dans une salle équipée de très réels murs, chaises et autres flambeaux permettant à l'utilisateur de toucher des éléments correspondant au monde virtuel mis sous ses yeux.

Ken Bretschneider, patron fondateur de The Void, a comparé le dispositif à «un cinéma futuriste», expliquant: «Quand on va au cinéma, on va dans une salle de projection; dans notre cas, on monte sur une scène virtuelle et on vit le film.»