Après Uber, les robots. Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature affirme que d'ici 2030, des robotaxis (des voitures autonomes) vont remplacer les taxis et une bonne partie du parc automobile, permettant de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre liées au transport privé.

« Les robotaxis ne seront pas plus chers que les taxis avec chauffeur parce que plus de la moitié du coût d'un trajet en taxi va au chauffeur », explique Jeffery Greenblatt, du laboratoire national Lawrence Berkeley en Californie, qui est l'auteur principal de l'étude. « Ce poste de dépense sera évidemment inexistant avec un robot. Cela va plus que compenser le coût plus cher à l'achat des voitures autonomes. Et comme on peut asseoir un passager sur le siège du conducteur, on a encore des économies. C'est pour cette raison que les robotaxis pourraient se révéler moins chers qu'acheter une voiture. »

Un taxi dans une grande ville américaine fait autant de kilométrage que six voitures privées, selon le chimiste Greenblatt, qui travaille depuis une quinzaine d'années sur l'impact des technologies sur la demande en énergie.

« Nous pensons que les voitures autonomes seront encore plus performantes, parce qu'elles pourront être envoyées en fonction du nombre de passagers : une plus petite voiture, avec des tarifs moins élevés, pour les gens voyageant seuls, une voiture normale s'il y a 3-4 passagers. »

L'étude tient pour acquis que les voitures autonomes utilisées comme robotaxis en 2030 seront hybrides et que leurs batteries pourront être rechargées sur le réseau électrique (plug-in). « Pour la conduite urbaine, il n'y a pas beaucoup de différence entre une hybride qu'on peut brancher et une voiture totalement électrique, parce que le moteur à essence est très peu sollicité. C'est encore plus vrai avec les voitures autonomes, qui peuvent moduler leurs accélérations et décélérations beaucoup mieux qu'un conducteur humain. »

Penser aux impacts sociaux

Pour ce qui est des émissions de gaz à effet de serre (GES), leur réduction dépendra évidemment de la source de l'électricité consommée par les robotaxis. « Si on a une électricité qui est produite sans aucun recours au gaz naturel ou au pétrole, on a une réduction potentielle des GES de 100 %, dit M. Greenblatt. Avec les sources actuelles, on réduit les émissions de 55 %. »

La date de 2030 n'est-elle pas trop optimiste ? « Les optimistes pensent qu'on va avoir des voitures autonomes dans les villes avant 2020, alors il faut être vraiment pessimiste pour penser qu'il n'y en aura pas en 2030 », rétorque M. Greenblatt, qui souligne que quatre États et la capitale américaine autorisent déjà les tests de voitures autonomes sur les routes. L'un d'entre eux, le Nevada, a même publié des règles d'homologation pour les voitures autonomes commerciales.

Vu l'opposition que suscitent des services comme Uber, qui utilisent la technologie pour moderniser l'industrie du taxi, est-il possible que les robotaxis soient au départ interdits pour protéger des emplois ? « Il faut évidemment penser aux impacts sociaux de cette révolution à venir, dit le chercheur californien. Je n'aime pas penser que des gens vont perdre leur emploi, mais c'est inévitable. »