Le procès du cerveau présumé du site internet Silk Road, qui proposait toutes sortes de drogues payables en monnaie électronique bitcoin, des kits de piratage ou encore des faux papiers, s'ouvre mardi à New York avec la sélection des jurés.

Interpellé en octobre 2013 à San Francisco et placé ensuite en détention provisoire à New York, Ross Ulbricht, 30 ans, est soupçonné d'avoir dirigé le «plus grand et le plus sophistiqué marché noir de la criminalité sur internet», affirme l'accusation.

Il a plaidé non-coupable en février dernier d'une série d'accusations parmi lesquelles blanchiment d'argent et trafic de stupéfiants. Il risque la prison à perpétuité.

Il est accusé d'avoir créé en 2011 et dirigé pendant trois ans ce site qui a permis à des milliers d'internautes de blanchir des millions de dollars d'argent sale.

Fermé par le FBI juste après l'arrestation de Ross Ulbricht, Silk Road permettait également d'acquérir héroïne, cocaïne ou LSD grâce à la monnaie virtuelle bitcoin, en garantissant l'anonymat à «plus d'une centaine de milliers» d'acheteurs dans une dizaine de pays en Europe et en Amérique du Nord.

Des kits de piratage informatique, des faux permis de conduire, passeports, documents d'assurance ainsi que des services de tueurs à gages étaient également proposés sur ce site, d'après l'accusation qui soupçonne également M. Ulbricht d'avoir voulu faire assassiner un utilisateur de Silk Road qui menaçait de révéler le nom d'autres clients.

La juge fédérale Katherine Forrest présidera les débats, prévus pour durer plusieurs mois dans un tribunal de Manhattan, précédés mardi par la sélection des jurés.

La famille et les amis de Ross Ulbricht, convaincus de son innocence, ont levé près de 340 000 dollars pour financer sa défense via un site intitulé «Free Ross» («Libérez Ross!»).

S'ils décrivent un frère et un fils généreux et gentil, l'accusation dépeint une personnalité bien différente, qui encaissait des «dizaines de millions de dollars» de commissions sur des ventes de produits illégaux.

Les débats vont se concentrer sur la manière dont Silk Road a réussi à exister de manière clandestine, via le routeur Tor, permettant de rendre anonymes tous les échanges ainsi que les identités des utilisateurs, et le système de paiement par bitcoin.

Lors de la fermeture du site, le gouvernement avait saisi l'équivalent de 150 millions de dollars en monnaie virtuelle «bitcoin», soit environ 173 991 bitcoins.

En novembre dernier, l'administrateur présumé d'une seconde version de Silk Road, Blake Benthall, avait été arrêté.

Selon les procureurs, Silk Road 2.0 a permis d'acheter et de vendre de la drogue et d'autres produits de contrebande de manière anonyme sur internet, après la fermeture d'une première version du site à l'automne 2013.

Trois autres personnes ont également été inculpées dans cette affaire, en plus de Benthall et Ulbricht.

Les autorités judiciaires du Royaume-Uni, de France, d'Allemagne, de Lituanie et des Pays-Bas ont pris part à cette enquête.

Photo tirée de Facebook

Ross Ulbricht