La multiplication des objets connectés alimente l'espoir d'en faire un relais de croissance pour les dépenses mondiales d'électronique grand public, alors que le ralentissement des ventes de téléphones intelligents et de tablettes se confirme.

D'après un état des lieux de l'institut GfK et de l'association américaine de l'électronique grand public CEA, dressé dimanche avant l'ouverture du salon annuel du secteur à Las Vegas, les consommateurs ont dépensé 1024 milliards de dollars l'an dernier dans le monde pour des téléphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs et autres consoles de jeux vidéo. C'est 1% de mieux qu'en 2013. 2015 s'annonce plus incertaine, avec «un tableau de dépenses très mitigé», a commenté lors d'une conférence de presse à Las Vegas l'un des économistes de la CEA, Steve Koenig.

Il n'a pas livré de prévision mondiale pour 2015, mais relevé des signes de ralentissement sur certains des marchés émergents devenus ces dernières années des débouchés de plus en plus importants pour le secteur: les dépenses en Amérique latine devraient ainsi baisser cette année de 5%, autant que sur les marchés plus matures d'Europe occidentale.

Une autre incertitude concerne la durée durant laquelle les appareils mobiles vont rester un moteur de croissance. Téléphones et tablettes devraient encore représenter 46% des dépenses mondiales cette année, mais leur progression se fait plus lente.

Les ventes de téléphones devraient ainsi augmenter de seulement 19% à 1,51 milliard d'unités cette année. En termes de montants dépensés, la hausse devrait même tomber à 9% (à 406,7 milliards de dollars).

Quelque 75% des ventes devraient en effet s'effectuer sur les marchés émergents, où le pouvoir d'achat des consommateurs est souvent inférieur à celui des pays développés. Conséquence directe: le prix unitaire moyen des appareils baisse, et passer tomber pour la première fois cette année sous les 300 dollars, a souligné M. Koenig.

Une tendance similaire s'observe pour les tablettes, où une hausse de 20% du nombre d'unités écoulées cette année, à 337 millions, ne devrait pas empêcher une baisse de 8% des revenus à 61,9 milliards de dollars.

Objets connectés pour quoi faire?

Aujourd'hui, 1,7 milliard d'ordinateurs et 2 milliards de téléphones intelligents sont utilisés dans le monde. Demain, ils seront peut-être largement supplantés par une autre catégorie: les objets connectés «intelligents», communiquant via internet et collectant diverses statistiques, qui selon des estimations de l'équipementier en télécoms américain Cisco pourraient être 50 milliards d'ici 2020.

L'édition 2015 du CES devrait refléter cette prolifération attendue, qu'elle concerne des appareils électroniques «wearables» (montres et bracelets connectés, vêtements intégrant de l'électronique) ou des objets du quotidien (de la brosse à dents au biberon en passant par l'électroménager). Beaucoup de ces objets connectés étaient d'ailleurs déjà présentés lors d'un premier aperçu du salon pour la presse dimanche soir.

La question désormais n'est plus de déterminer «ce qui est technologiquement faisable», mais plutôt «si ces objets ont un sens», a nuancé Shawn DuBravac, chef économiste de la CEA. Et de rappeler que parmi les multiples nouveautés présentées chaque année au CES, une grande partie ne sont jamais adoptées massivement par le grand public.

Dans le cas par exemple des montres connectées, auxquelles beaucoup d'observateurs espèrent que l'Apple Watch va donner un coup d'accélérateur cette année, «est-ce que ça sert à quelque chose d'avoir internet au poignet?», s'est-il interrogé.

Les «expérimentations» actuelles devraient néanmoins selon lui permettre de «commencer à voir des scénarios d'utilisation», et de dépasser la collecte de données pour permettre aux objets de devenir un moyen de faire des recommandations aux utilisateurs.

Le salon de Las Vegas sera ouvert du mardi 6 au vendredi 9 janvier. Outre les objets connectés, les constructeurs automobiles y sont annoncés en force, avec des véhicules toujours plus autonomes. Un espace accru est aussi prévu pour les usages croissants des drones qui, selon la CEA, pourraient représenter un chiffre d'affaires mondial de 130 millions de dollars cette année et d'un milliard de dollars en 2018, ou de technologies en essor comme l'impression 3D.