Apple a amorcé hier, à Oakland en Californie, la défense d'un troisième cas apparent d'abus de monopole en l'espace de quelques années. Cette fois, c'est le système de gestion des droits numériques imposé par l'entreprise à l'époque des débuts de l'iPod et de l'iTunes Store qui est en cause dans un procès l'opposant à quelque 8 millions de plaignants.

Selon des informations contenues dans des documents échangés avant l'ouverture du procès, le recours collectif pourrait coûter jusqu'à 350 millions US à Apple en cas de défaite.

En lançant son service de vente de musique en ligne via iTunes, Apple avait instauré un système de gestion des droits numériques ironiquement baptisé « Fairplay », aujourd'hui abandonné. Les pièces musicales achetées sur iTunes ne pouvaient ainsi être lues que sur les appareils portables d'Apple. Et à l'inverse, ces appareils n'acceptaient pas non plus les pièces musicales achetées auprès d'autres boutiques en ligne.

Selon les plaignants, Apple abusait ainsi d'une situation monopolistique en forçant l'achat de ses lecteurs musicaux iPod, plus dispendieux que la plupart des autres appareils.

Un témoin d'outre-tombe

Comme dans d'autres procès intentés à la Pomme récemment, l'entreprise aura à se démener contre un témoin bien particulier : son fondateur et ancien PDG, Steve Jobs.

Des courriels écrits par celui-ci et un interrogatoire vidéo mené avant sa mort sont en effet au coeur de la preuve de la poursuite.

Le réputé style frondeur de M. Jobs transparaît régulièrement dans ses courriels déposés en preuve, que ce soit dans ce procès ou les précédents. Clairement, le légendaire homme d'affaires ne se préoccupait pas de voir un jour ses missives exposées devant un jury, ce qui en fait bien malgré lui un témoin plutôt coriace à l'endroit d'Apple.

Plus tôt cette année, Apple a perdu un procès antimonopolistique sur le prix du livre que lui avait intenté le gouvernement américain. Elle a porté la cause en appel. Les courriels de M. Jobs y ont joué un rôle prépondérant.

Jobs sera encore une fois témoin malgré lui dans un procès qui doit s'ouvrir en avril prochain. Apple y est mise en cause en compagnie de Google, Adobe et Intel, toutes accusées d'avoir conspiré pour contrôler les salaires de leurs employés.