Chaussez vos montures Google Glass et c'est parti pour une visite de l'exposition Niki de Saint Phalle à Paris! Posté face à une oeuvre, vous entendez un commentaire grâce à une oreillette tandis que des images sont projetées devant vous sur un petit écran virtuel qui s'affiche à droite.

Bienvenue dans le monde (merveilleux?) de la réalité augmentée adaptée à l'univers des musées. Encore au stade de l'expérimentation, les Google Glass, montures sans verres connectées à internet, pourraient bien s'ajouter aux audioguides, applications pour téléphones intelligents et autres tablettes tactiles qui accompagnent les visites culturelles.

Niki de Saint Phalle (1930-2002) «était influencée par l'artiste américain Jackson Pollock», vous dit-on à l'oreille. Et hop, vous apercevez à droite une photo du peintre américain, sans jamais quitter des yeux le grand portrait de femme que vous avez devant vous. Vous obtenez ainsi des informations visuelles supplémentaires dans votre champ de vision. L'écran virtuel se met ensuite en veille.

Vous pouvez photographier l'oeuvre en tapotant la branche droite de vos montures. Ou en clignant de l'oeil. Vous pouvez aussi faire une vidéo.

En glissant le doigt sur cette même branche, vous visualisez le plan de l'exposition et on vous suggère l'étape suivante pour découvrir une nouvelle oeuvre.

Le dispositif fonctionne également à la voix.

Devant une grande oeuvre de 1963 montrant King Kong à New York, le commentaire met l'accent sur certaines parties de la toile tandis que sur l'écran s'éclairent les zones évoquées. Aviez-vous remarqué cette femme en train d'accoucher sur le coin à gauche?

«Ça remplace le doigt du guide», déclare David Lerman, PDG de GuidiGo, société franco-américaine qui a développé une application pour les Google Glass adaptée aux musées.

La société teste en ce moment au Grand Palais ces lunettes connectées comme guide hi-Tech pour l'exposition sur Niki de Saint Phalle.

«Enrichir la visite»

«C'est une première mondiale à ma connaissance», affirme à l'AFP Roei Amit, directeur adjoint responsable du numérique à la Réunion des musées nationaux-Grand Palais.

Un musée londonien et un musée de San Francisco suivront en décembre «à plus grande échelle», dit-il.

Les Google Glass, qui ont de multiples usages, sont commercialisées aux États-Unis au prix unitaire de 1500 dollars (hors taxes) mais elles n'ont pas encore été lancées en France. Les acheteurs sont encore considérés comme des «explorateurs», qui sont incités à donner leurs impressions au géant américain de l'internet.

À Paris, la visite de l'exposition Niki de Saint Phalle avec les Google Glass a été réservée à une poignée d'expérimentateurs (blogueurs, passionnés de nouvelles technologies, personnel du Grand Palais-Réunion des musées nationaux...) à qui les montures ont été prêtées pour l'occasion. La connexion était assurée en local.

Mais l'idée est qu'elle se fasse également en Bluetooth, pour les utilisateurs ayant leur téléphone intelligent dans la poche.

«Les retours sont en général très positifs. Le dispositif est très intuitif», assure M. Amit. «Mais les personnes myopes qui ne portent pas de lentilles peuvent avoir du mal à lire les données projetées sur le petit écran», souligne-t-il.

Le géant de l'internet a de ce fait noué des partenariats avec des fabricants d'optique pour que les Google Glass s'adaptent aux lunettes de vue.

Mais il reste encore des réglages à faire. Les montures connectées ont tendance à chauffer, elles tombent parfois en panne.

À la RMN, Roei Amit relève que les Google Glass «permettent de garder la tête haute pendant la visite, d'avoir des informations supplémentaires directement à hauteur des yeux».

Il pense que les lunettes connectées, quelle que soit leur marque, ont «un avenir prometteur» dans les musées. «C'est une source d'enrichissement à la visite», estime ce responsable.

Cette semaine, une étude américaine a averti que les Google Glass étaient susceptibles d'obstruer une partie de la vision à droite, en raison de la taille de la branche. Cela peut présenter notamment un risque pour la conduite, soulignent des ophtalmologues.