Une imprimante 3D à la portée de tous. C'est avec cet objectif qu'un groupe de jeunes uruguayens a mis au point une machine qui peut être montée et clonée par son utilisateur, présentée comme la moins chère d'Amérique du Sud.

«Nous travaillons avec la philosophie "maker", c'est-à-dire avoir la capacité d'être indépendant et de tout faire toi-même», explique à l'AFP Alejandro Lozdziejski, l'un des associés de Sur3D, constituée de six jeunes qui se décrivent comme «un groupe d'ingénieurs, de designeurs et de rêveurs».

«L'intérêt n'est pas seulement d'utiliser l'imprimante, mais aussi d'apprendre comment elle fonctionne pour faire évoluer la connaissance. Notre objectif est de faire pénétrer l'impression 3D dans tous les foyers et centres éducatifs pour faire évoluer les savoirs et qu'ils construisent sur ce que nous avons construit. Le faire évoluer, l'adapter, pour l'améliorer», ajoute-t-il.

Au prix de 600 dollars, et lancée en juillet, la Smartrap permet de produire des pièces de 12 x 12 x 12 centimètres et vise un usage éducatif, afin que les enfants se familiarisent avec la technologie.

«Nous organisons des ateliers dans les écoles et les lycées, pour rapprocher la technologie numérique de tous, démocratiser la technologie», insiste M. Lozdziejski.

Au cours des prochains jours, le groupe compte lancer un nouveau modèle, à un prix légèrement supérieur. Il s'agit d'une évolution des Prusa I3, baptisée Monica, qui permet d'écrire et d'imprimer des objets de 21 cm de côté, à base d'un fil plastique en couches superposées.

«On peut imprimer n'importe quoi, des couverts par exemple. Des fourchettes en plastique, une tasse, des ustensiles de cuisine. Ou encore des pièces pour créer une copie de la machine», souligne de son côté Bruno Demuro, un autre associé.

Une révolution

La Smartrap est une modification d'une machine française à technologie ouverte, également caractérisée par sa simplicité.

Ingénieur en informatique, M. Lozdziejski étudiait l'impression 3D en Californie quand il a rencontré un Français développant un modèle de machine auto-répliquante. Après avoir travaillé un temps ensemble, chacun a poursuivi de son côté.

À son retour en Uruguay, il a fondé avec Walter Guardia et Santiago Reinoso Sur3D, avant d'être rejoint par Bruno Demuro, Rodrigo Amarelle et Jan Szolno.

«C'est le début», assure M. Lozdziejski, qui affirme que se profile «une révolution».

«Beaucoup de gens achètent ces machines par curiosité ou parce qu'elles sont à la mode, mais quand tu commences à voir les usages, tu ne penses plus à consommer, mais à reproduire. Si quelque chose se casse chez toi, tu cherches à la produire. C'est le changement de paradigme qui nous semble le plus intéressant, comment changer une société de consommateurs en créateurs», s'enthousiasme-t-il.

«Plus tard, nous allons remplacer tous les produits importés, nous aurons accès à des moyens de production pour fabriquer dans le confort de notre maison. Et ceci est une révolution par la réduction des coûts énergétiques, de transport, de logistique, de distribution», énumère le jeune homme.

La machine elle-même permet de reproduire 70 % des pièces qui la composent, afin d'être aisément clonée, affirment ses concepteurs.

«Très longtemps, cette technologie a été une niche exclusive de machines très onéreuses, mais quand les brevets se sont ouverts, l'horizon s'est dégagé très rapidement», reprend M. Demuro.

Pour lui, c'est une meilleure affaire que les consommateurs clonent 1000 machines, dont il vend les pièces qui ne peuvent être reproduites, que de vendre peu de modèles «fermés».

«Toutes les pièces sont 100 % ouvertes (copiables), nous fournissons le support. Nous croyons que la richesse, c'est notre connaissance», explique-t-il.