Depuis une semaine et pour une autre encore, Tetsuya Tamura campe sur le trottoir le plus cher de Tokyo, devant l'Apple Store de Ginza, le quartier chic de la capitale nippone, pour être le premier à avoir un iPhone 6, un vrai, le 19 septembre.

M. Tamura exhibe déjà une contrefaçon chinoise «qui marche», tandis qu'un de ses compatriotes porte au poignet, avant tout le monde, une étonnante variante de la montre connectée Apple Watch.

Salarié de 45 ans et père de famille comme on en croise des milliers dans les rues de la capitale, M. Tamura est désormais connu comme étant le plus grand inconditionnel nippon de la firme de feu Steve Jobs.

Il sacrifie chaque année ses congés payés et une partie de ses rétributions pour s'offrir tous les produits marqués d'une pomme.

«Je suis là depuis samedi 6, avec mon fils de 20 ans, et nous attendrons jusqu'au 19, jour de la vente», explique fièrement l'homme, vêtu d'un t-shirt (iPhone 6, J-7), manifestement en grande forme.

«On dort bien, ne vous inquiétez pas», assure celui qui possède la bagatelle d'une trentaine d'iPhone de toutes générations mais n'en utilise «que trois environ au quotidien».

Même s'il avoue que l'iPhone 6 n'est pas aussi surprenant qu'il l'aurait espéré et peut-être un peu grand («j'aurais préféré un modèle plus compact), il va l'acheter, mordicus.

Il est venu avec ses chaises longues, ses couvertures, ses batteries, ses vêtements, tout un attirail. La nourriture? Il suffit d'aller à la supérette du coin, bien approvisionnée et ouverte 24H/24, toilettes à disposition.

Un faux iPhone, une vraie pomme

Ne pouvant tenir, il s'est quand même offert pour patienter une contrefaçon chinoise d'iPhone 6 «achetée sur internet, et qui marche».

«C'est fou les fuites dans les usines, quand même», sourit son voisin, également un habitué du trottoir de l'Apple Store.

Selon M. Tamura, il y a plus de monde cette fois que d'habitude, et c'est très bien, d'autant que la maréchaussée ne dit rien. «L'ambiance est bonne, on s'amuse bien», dit-il sous le regard approbateur de ses acolytes qui viennent aussi (surtout) pour cela.

«C'est agréable de rencontrer des gens qui ont le même centre d'intérêt», confirme une jeune femme également assise quelques mètres plus loin.

«Je ne perds pas mon temps, je travaille ici, avec mon PC. Parfois, quelqu'un me garde ma place pour que j'aille alimenter la batterie et que je prenne une douche. Sinon, pour le téléphone, j'ai un accumulateur-chargeur. Et les copines m'apportent des bento («plateaux repas»), c'est vraiment sympa», explique-t-elle.

«Il y a même des gens qui commandent pour nous en ligne des produits de première nécessité ensuite livrés ici», raconte-t-elle en brandissant un carton Amazon.

Et la nuit, à part les salariés ivres-morts qui ne tiennent plus debout, il n'y a, dit-elle, rien à craindre: «Ginza, c'est sûr».

M. Tamura, lui, sait déjà qu'il reviendra pour l'Apple Watch, début 2015.

«Il risque de faire froid, c'est un peu ennuyeux», reconnaît-il.

Un certain Hiromichi Shoji, n'a pour sa part pas attendu: l'Apple Watch, il l'a confectionnée seul, dans sa cuisine, avec un couteau... et une pomme.

Postée sur Twitter, la photo de l'objet éphémère, dépourvu de fonctions et rapidement dévoré, a été retweetée près de 55 000 fois alors même que l'auteur n'a guère que 2425 abonnés!