Mesurer ses performances, écouter sa musique et lire ses messages sur les pistes: les masques de ski connectés révolutionnent la glisse. Mais cet accessoire encore oréneux, qui s'adresse surtout aux geeks, est voué, semble-t-il, à se développer dans un marché encore naissant.

Dignes d'un gadget à la James Bond, ces grosses lunettes de ski sont équipées d'un écran intégré de la taille d'une phalange en bas à droite de la monture. Elles sont dotées d'un système sans fil (Bluetooth), du wi-fi et d'une fonction GPS intégrée (localisation).

Des capteurs mesurent non seulement l'altitude, le dénivelé des pistes, mais calculent aussi la distance parcourue, marquent la température, la vitesse ou encore la hauteur des sauts du skieur.

Pour épater les copains, les skieurs branchés peuvent même une fois déchaussés télécharger ces données sur leur ordinateur pour partager leurs performances avec des amis et analyser leur journée de ski, descente par descente. Un peu comme dans un jeu multimédia.

Connecté à son téléphone intelligent, le porteur de ce masque du 3e millénaire peut localiser ses amis sur les pistes, voir les appels téléphoniques entrants, lire ses textos et piloter sa musique via une télécommande portée au poignet comme une grosse montre.

«C'est comme si on était dans le futur», témoigne à l'AFP Damien Chaussin, propriétaire du magasin d'optique «LOeil du Mont Blanc» à Chamonix, qui reconnait que «l'idée est géniale, c'est l'avenir, mais (qu') il reste la barrière du prix».

Clientèle «nombriliste»

Il faut en effet compter environ 650 euros pour cet accessoire qui attire, selon plusieurs distributeurs interrogés par l'AFP, une clientèle «geek», «plutôt aisée et curieuse», «au-delà de la trentaine», et... «un peu nombriliste». Le prix d'une très belle planche de snowboard ou de skis de randonnée.

Rien d'étonnant si l'on considère que le module Recon (du nom de la société canadienne qui vend cette technologie aux principaux fabricants de masques Smith, Oakley ou Zeal) vaut déjà environ 400 euros en pièces détachées.

«Le prix ne devrait pas évoluer la saison prochaine», estime Sylvain Faivre, responsable marketing chez Smith France.

La marque américaine dit avoir vendu environ 700 masques connectés en Europe en 2013, dont 200 en France.

Le marché, qui représente une petite niche de par le prix, mais aussi par la rareté du fait du nombre peu développé de points de ventes, va «évoluer gentiment, mais pas sur de gros volumes» et il y aura «des mises à jour techniques chaque année», prévoit M. Faivre.

Pour l'heure, le masque, d'une autonomie de six heures environ, est plus lourd qu'un masque classique (surtout celui avec la caméra incorporée) et plusieurs témoignages recueillis suggèrent des améliorations possibles, notamment sur le confort visuel pour éviter de baisser le regard comme pour visualiser un tableau de bord en voiture.

Autre déception entendue: les 3 Vallées, domaine qui regroupe 8 stations de ski en Savoie, avait l'intention de proposer cette saison aux touristes un masque interactif relié à l'application des 3 Vallées pour leur donner une multitude d'informations sur ses 600 km de pistes, en temps réel, sur un écran intégré. Mais ce projet a été mis en attente à cause d'un problème technique» de la société Recon.

«On en est au tout début de ce genre d'usage» dans «un marché naissant», mais il faut se préparer à «l'émergence d'un marché grand public», estime Thierry Penet, responsable du développement commercial chez Laster Technologies, spécialisée dans les technologies d'affichage numérique dans les secteurs du médical, de l'aéronautique et du militaire.

«Depuis deux ans, les industriels se rendent compte que ce type de technologies est en train d'être inséré dans des montures à usages sportifs», observe ce cadre de cette société de la région parisienne qui emploie 15 personnes.