Ballons, puzzles, petits soldats, meccanos, playmobil, patins à roulettes, poupées... tous les jouets historiques livrent une bataille à l'issue incertaine contre la montée en puissance des tablettes numériques de plus en plus populaires auprès des enfants et adolescents.

Si le jouet le plus vendu en 2013 au Royaume-Uni a été le «furby», une petite peluche animée dont il faut s'occuper avec soin, les second et troisième jeux les plus populaires ont été des tablettes numériques, devant les mythiques figurines de Lego, en quatrième position, et un robot à l'allure de chien, en cinquième, selon le cabinet d'expertise NPD.

La liste de ces chouchous des enfants a été publiée lors de la 61e édition de la Foire du Jouet de Londres, l'une des plus anciennes du monde, qui s'est tenue de mardi à jeudi au Kensington Olympia.

La plupart des exposants étaient des fabricants de jouets considérés comme traditionnels. S'ils reconnaissent la concurrence sérieuse que représentent pour eux les tablettes numériques, ils croient néanmoins en l'avenir de leurs produits à la condition de les moderniser.

Pour certains d'entre eux, ils peuvent compter sur le soutien indéfectible des parents qui regardent d'un oeil méfiant les mystères et dangers de l'internet et par extension, des tablettes.

Les meccanos, ces jeux de constructions métalliques créés en 1908 à Liverpool (nord de l'Angleterre) par Franck Hornby, sont ainsi «toujours très populaires, en particulier aux yeux des parents, des grands-parents et de ceux qui achètent des cadeaux», s'est félicité le directeur du marketing de Spin Master, Kevin Jones, l'entreprise propriétaire du jeu.

«Nous essayons de les rendre plus attrayants pour les jeunes enfants», a-t-il ajouté.

«Nous devons admettre qu'aujourd'hui, il y a une place pour les tablettes et la technologie. Lorsque les enfants grandissent et entrent dans le monde des adultes, il faut qu'ils apprennent à utiliser la technologie», a néanmoins reconnu Jamie Dickinson du groupe Playmobil, qui a fabriqué plus de 2,6 milliards de figurines en plastique depuis 1974.

L'entreprise confrontée à la concurrence des tablettes n'en a pas moins augmenté ses ventes de 5,3% pour atteindre un chiffre d'affaires de 531 millions d'euros, l'an dernier.

En Grande-Bretagne, le NPD prévoit une hausse de 10% des ventes de jeux de construction et de figurines en 2014, en partie grâce à la prise en compte de la thématique coupe du monde de football au Brésil.

Dans le même temps, «nous devons aussi apprendre beaucoup d'autres choses que seuls les jouets traditionnels peuvent enseigner aux enfants», a-t-il estimé.

Roland Earl, le directeur général de l'association britannique des jouets et loisirs (British Toy and Hobby Association) a également minimisé la menace que représentent les tablettes, assurant qu'il y avait de l'espace pour une grande diversité de jeux et passe-temps, comme cela a toujours été le cas.

«Tous les secteurs doivent avoir peur des tablettes. Celui des appareils photo, celui des agendas... Mon sentiment est qu'il doit y avoir un équilibre. Ce n'est pas bon pour les enfants de jouer toujours à la même chose. S'ils aiment le foot, ils peuvent y jouer mais ils peuvent également lire», a-t-il expliqué.

«L'effet de la nouveauté» joue également beaucoup en faveur des tablettes numériques, «mais je pense que cela va changer», a-t-il ajouté.

On pourrait penser que les tablettes s'adaptent mal à la vitalité des enfants et à leur besoin de se défouler. Mais, en voyant leurs parents rivés à leur propre joujou numérique, les enfants ont envie, par mimétisme, de découvrir cet objet.

«Les enfants commencent» à les utiliser «de plus en plus jeunes, dès deux ans. Ils veulent faire comme leurs parents», a jugé Emmanuel Le Cottier, le directeur de Lexibook, une société qui fabrique des tablettes pour les enfants.

Pour éviter toute mauvaise surprise, a-t-il ajouté, ces mini-ordinateurs à écran tactile à l'allure adaptée aux enfants sont soumis à des contrôles de contenus et des temps d'utilisation stricts.