Une des entreprises françaises à la pointe de l'innovation, Imao à Limoges, a présenté mardi soir un bijou technologique, «Ubick», appelé à révolutionner la cartographique numérique en 3D grâce à un degré de précision unique au monde, selon ses concepteurs.

Survoler une ville, zoomer sur un détail de façade, faire le tour à 360 degrés d'un bâtiment: grâce à une collection de données cartographiques numériques hyper-précises, Imao un outil novateur de visualisation en 3D.

Lancé officiellement mardi soir, «Ubick» est développé par Imao, une petite et moyenne entreprise (PME) de 34 salariés fondée en 2001 et installée depuis 2009 dans la capitale limousine. Devenue un des chefs de file mondiaux sur le marché de la cartographie numérique, elle espère, grâce à cette plateforme en 3D, générer de nouveaux marchés, à côté des applications grand public de Google et d'Apple.

«Avec Ubick, on peut désormais tenir une ville dans le creux de sa main», résume David McCartney, en charge de la commercialisation, alors que derrière lui, sur un écran, un Sacré-Coeur d'un réalisme époustouflant domine une modélisation en 3D de Paris d'une extrême précision.

C'est la convergence de trois compétences de pointe 100% françaises qui a permis l'élaboration d'«Ubick»: celle d'Imao, qui compte parmi les dix plus importantes entreprises mondiales en matière d'acquisition de données cartographiques par imagerie aérienne; celle d'InterAltas, qui commercialise des bibliothèques de vues aériennes numériques hyper-précises; et, enfin, celle d'Acute 3D qui a développé sa propre technologie pour synthétiser des images 3D à partir de photographies.

Grâce à ces savoir-faire, «Ubick, avec son catalogue de 50 sites en France, est aujourd'hui la plus grande bibliothèque 3D d'Europe, voire du monde si on parle en terme de précision», explique Pierre Farout, co-fondateur d'Imao et propriétaire d'InterAtlas depuis 2011.

Selon ses concepteurs, le quadrillage méthodique de l'espace aérien des lieux, ainsi que le matériel de prises de vue et de géolocalisation embarqué, permettent une précision à 10 cm près. Imao dispose d'une flotte de huit avions, basés en différents endroits du monde, équipés chacun d'une caméra verticale de 200 mégapixels et de quatre autres obliques de 50 mégapixels. «Notre matériel de prise de vues nous permet de voler plus haut que ce que permettait la technologie avant nous. Nous couvrons donc plus de territoire en moins de temps», explique Pierre Farout, soulignant aussi des coûts moins élevés.

Crues ou prise d'otages

Le survol permet de ramener 32 prises de vues ou angles différents par pixel, ainsi que de géolocaliser précisément le cliché: c'est la convergence de toutes ces données qui rend possible une modélisation 3D plus vraie que nature. Ainsi l'utilisateur peut survoler la ville de Limoges, choisir de tourner autour de sa gare classée et de s'approcher au plus près des arches de la cathédrale.

«Pour une ville comme Paris, nous avons cartographié en 3D les 180 communes de petite couronne, soit 1300 km2, une cinquantaine d'heures de vol et près de 145.000 clichés dont les 4/5es sont obliques», détaille Pierre Farout. Ensuite, «il a fallu environ douze mois de traitement sur six ordinateurs qui calculaient en continu» pour le traitement des images. Au final, une licence d'exploitation pour une telle cartographie est estimée entre 300 000 et 350 000 euros (438 000 et 511 000 dollars).

L'entreprise, qui a investi 1,5 million d'euros ces deux dernières années pour développer l'outil, mise sur un développement «exponentiel» du marché». Urbanisme, cinéma, jeux vidéo, mais aussi simulations de catastrophes: «les applications peuvent aller du particulier au professionnel», souligne Pierre Farout. Ainsi, «une collectivité qui veut faire de l'aménagement du territoire, un cabinet d'architecte pour une réflexion d'aménagement ou même un couvreur qui peut faire un devis sans bouger de chez lui», détaille Pierre Farout.

«Le système est capable de simuler les retombées réelles d'une crue d'envergure sur Paris et les moyens d'évacuer les civils en toute sécurité, comme il peut permettre à des unités d'élite comme le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) de calculer des zones d'obstruction sur un champ d'intervention ou, à contrario, les zones de tirs les moins risquées sur une intervention en zone fortement urbanisée», esquisse pour sa part David McCartney.

«La 3D dans cinq ans, ça sera exactement comme la photo panoramique: au début ça paraissait fou, aujourd'hui tout le monde peut le faire avec un téléphone portable. La fenêtre est étroite, mais le marché infini», veut-il croire.