Le monde compte 100 millions de musiciens amateurs. Certains rêvent d'une carrière internationale, d'autres y voient un moyen de passer le temps avec les amis. Mais tous ont le même problème: assembler une version présentable de leurs oeuvres nécessite l'aide dispendieuse de professionnels.

«Tous ces musiciens sont comme des photographes qui ne feraient jamais développer leurs photos», compare Pascal Pilon, PDG de MixGenius, entreprise montréalaise en démarrage qui cible ce marché.

Le logiciel que conçoit MixGenius permet d'assembler de façon cohérente différentes pistes musicales: guitare, percussion, voix, clavier, etc. Les mêmes pistes, assemblées différemment, peuvent produire des résultats complètement opposés.

«Ça peut avoir l'air d'avoir été enregistré dans un sous-sol, avec un son super étouffé ou, au contraire, d'avoir été enregistré en plein air», explique M. Pilon.

Or, à l'heure actuelle, «il n'y a pas moyen pour un gars dans un band d'obtenir un mix de qualité pour moins de 700$ ou 800$, et encore là, c'est de base», selon M. Pilon. C'est qu'il faut pour cela absolument faire appel à des techniciens de son professionnels. «Quand un musicien gagne en moyenne 7000$ par année, il n'en a pas les moyens.»

La solution de MixGenius, qui s'intégrera d'abord avec le populaire logiciel GarageBand, d'Apple, devrait être commercialisée dans un an. Son prix n'a pas encore été déterminé, mais il sera beaucoup plus abordable, promet M. Pilon.

D'autres applications

Ce logiciel n'est que l'une des solutions envisagées pour tirer parti des technologies de mixage automatisé en instance de brevet de MixGenius.

Elles pourraient aussi être utilisées pour réduire de façon instantanée et automatisée l'effet cacophonique lorsque deux personnes parlent en même temps à la radio ou la télévision, croit M. Pilon. Ou encore dans la voiture, pour pouvoir continuer d'écouter de la musique pendant une conversation téléphonique diffusée par les haut-parleurs de la voiture.

«À la limite, la personne aurait l'air de parler directement sur la musique», fait valoir M. Pilon.

Mais pour l'heure, c'est aux musiciens amateurs qu'on voudra d'abord s'intéresser.

Et même si sa sortie commerciale ne se fera que dans un an, MixGenius commence déjà à se frotter à des ingénieurs de son pour mesurer sa qualité, dans des concours. «Pour le moment, on arrive en milieu de peloton», dit M. Pilon, qui voit ces concours un peu comme les célèbres duels entre le champion d'échec Garry Kasparov et l'ordinateur Deep Blue.

«On ne pourra jamais générer la poésie que l'être humain peut produire. Mais même pour les pros, il y a des actions répétitives qui ne méritent pas que l'on y perde du temps. Un bon exemple, c'est l'autofocus sur les appareils photo. Même les photographes professionnels s'en servent la plupart du temps.»

C'est à l'Université Queen-Mary, de Londres, qu'est née la technologie sur laquelle se base MixGenius. Le professeur qui en est à l'origine, Josh Reiss, est maintenant un actionnaire et un membre du conseil d'administration. Son étudiant, Stuart Mansbridge, est maintenant chef des technologies de l'entreprise.

Un premier cocon

C'est l'incubateur montréalais TandemLaunch qui a fourni à l'entreprise son premier cocon, d'où sa présence à Montréal malgré ses racines londoniennes. MixGenius vole maintenant de ses propres ailes.

Tout récemment, elle a ajouté 19 membres d'Anges Québec, à sa liste d'investisseurs, déjà bien garnie. Mené par Jean-François Grenon, le groupe des anges a investi 500 000$.

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MIXGENIUS

Qui: Le PDG Pascal Pilon, le coinventeur Stuart Mansbridge, le chef logiciel Nicolas Roy, le designer Justin Evans et une dizaine d'autres employés.

L'idée: Une technologie de mixage audio automatisé, qui sera d'abord commercialisée auprès des musiciens amateurs.

L'ambition: Faire de MixGenius un élément incontournable de tout kit de production musicale.

Ils y croient et y ont investi de l'argent: Université Queen-Mary, TandemLaunch, Josh Reiss, Stuart Mansbridge, Justin Evans, YUL Ventures (Pascal Pilon), Anges Québec, Giovanni Forte, Hamnett Hill, Real Ventures