Le fisc italien s'est doté d'un «redditometro», robot informatique capable de traquer plus efficacement les fraudeurs, suscitant critiques et crispations mardi au lendemain de son entrée en service.

Le «redditometro» - «indicateur de richesse» - entré en fonction lundi est un outil informatique qui permet de recouper les déclarations de revenus et les dépenses de plus de 35 000 foyers italiens au cours des 4 dernières années.

En cas d'écart de plus de 20% entre les sommes déclarées et les sommes dépensées, un contrôle fiscal est immédiatement déclenché.

«Les 007 du fisc», très redoutés par les Italiens, sont en réalité des dizaines d'ordinateurs reliés à différentes banques de données contenant les traces de transactions effectuées par les contribuables.

Tout est examiné : de l'achat d'un véhicule à la contraction d'un prêt immobilier, des petites dépenses vestimentaires ou alimentaires aux investissements financiers.

Le robot informatique permet de «débusquer les gros fraudeurs et les faux pauvres», selon Marco di Capua, directeur adjoint du fisc.

Le robot entré en fonction lundi est une version «revue et corrigée» du premier «redditometro» introduit en 2010 par le gouvernement de Silvio Berlusconi, rappelle la presse.

L'outil de traque des fraudeurs du fisc a été au coeur de vives polémiques au cours de la dernière campagne électorale pour les législatives de février.

Ce système informatique a permis à l'État italien de récupérer 116 millions d'euros en 2011 et seulement 30 millions d'euros sur les 708 millions prévus en 2012: des sommes jugées «dérisoires» par rapport au montant total de la fraude fiscale en Italie estimé à 120 milliards d'euros par an.

Selon le centre d'études de l'organisation professionnelle Cgia, la version améliorée du «redditometro» devrait permettre à l'État italien de récupérer au maximum 0,7% du montant annuel estimé de l'évasion fiscale.

Le nouveau «redditometro» constitue cependant selon le syndicat un outil supplémentaire pour l'administration fiscale contre les fraudeurs.

L'outil a fait l'objet de vives critiques de la part du vice-secrétaire de la Ligue du Nord, Matteo Salvini. L'élu de droite a comparé sur sa page Facebook la méthode à celles utilisées par les «régimes communistes et fascistes». «Seul un État voleur peut en arriver là», a-t-il commenté.

Fin juillet, le chef du gouvernement Enrico Letta a promis une «lutte sans merci» contre la fraude fiscale, s'engageant à utiliser les sommes récupérées afin de réduire les impôts.